Pour les petits patrons français, un horizon qui peine à s’éclaircir

Pour les petits patrons français, un horizon qui peine à s’éclaircir

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Instabilité politique, normes pesantes, demande en berne… De l’avis des patrons des TPE-PME interrogé par le think tank public de la Banque publique d’investissement (Bpifrance le Lab) et l’institut Rexecode, l’année 2025 arbore un air inquiétant. Publié le 27 février, ce baromètre mesure la température auprès de 1300 dirigeants d’entreprises, employant moins de 20 salariés (pour les TPE) et moins de 250 (pour les PME). Ceux-ci sont peu confiants face aux potentielles répercussions du contexte politico-économique national sur leur activité. Ils regrettent par ailleurs la «complexité» des normes administratives, génératrice de coûts. Et se déclarent en conséquence plus frileux à embaucher et investir.

Certes, il n’y a pas de revirement majeur par rapport aux constats des éditions précédentes : les patrons de PME-TPE jugent le contexte global peu favorable à la croissance de leurs entreprises. Mais certaines tendances s’alourdissent. En particulier, quasiment toutes les personnes interrogées (94 %) craignent un «impact négatif» de l’incertitude en matière de politique économique sur leurs affaires. 61 % redoutent même un impact «fort», soit 10 points de plus qu’il y a six mois, avant que le gouvernement Barnier ne chute, et que celui de Bayrou ne risque le même sort. En réaction au contexte politique, 1 dirigeant sur 4 qui avait des projets d’investissements prévoit de les annuler. Même rétropédalage sur les projets d’embauche : ils sont 34 % à déclarer les ajourner, et plus d’un quart à les abandonner tout court, en hausse nette (8 points) par rapport à octobre dernier.

En sus d’un contexte politique mouvant, les employeurs s’inquiètent en majorité (60 %) d’une demande «faible», qui empêcherait la croissance de leur entreprise. L’horizon s’éclaircit néanmoins sur d’autres thèmes : la proportion de dirigeants qui citent des difficultés de recrutement baisse nettement (37 %, contre 47 % il y a un an), de même pour les tensions sur les approvisionnements (40 %). Mais ils restent un tiers à estimer leur situation de trésorerie «difficile», alors qu’un patron sur cinq indique avoir du mal à accéder à des emprunts de court terme.

Face à ces perspectives moroses, pas de regain des investissements en vue. D’autant que 19 % des patrons déclarent rencontrer des difficultés pour emprunter à long terme. Ils sont certes un peu plus nombreux qu’au dernier trimestre à prévoir d’investir (47 % contre 43 %). Mais toujours moins nombreux qu’il y a un an, où cette proportion atteignait 51 %. A fortiori, les budgets consacrés à ces dépenses devraient quant à eux baisser pour 41 % des TPE-PME.

Les patrons s’autorisent moins qu’auparavant une modernisation de leurs équipements ou une augmentation de leurs capacités de production. Pour autant, dans ce contexte tendu, la transition écologique n’est pas mise au placard : presque 49 % des dirigeants prévoient d’investir en ce sens (économie d’énergie, recyclage…), après une baisse à l’été 2024. Cette dernière avait interrompu la forte progression des investissements verts depuis la crise de l’énergie post-Covid.

Alors que la concrétisation des promesses de «simplification de la vie économique» des gouvernements successifs se fait attendre, les dirigeants interrogés se sentent très majoritairement gênés par la «complexité administrative». En haut de la liste des procédures les plus fréquemment jugées «complexes» : l’application des réglementations environnementales, pour 63 % d’entre eux, l’obtention d’une aide publique ou un crédit d’impôt (60 %), les démarches pour «se séparer d’un salarié» (59 %). Avec plusieurs conséquences à la clé : devoir recourir à des prestations de services, recruter des effectifs supplémentaires, investir dans des logiciels spécialisés… Et, surtout, être obligé de prendre sur son propre temps de travail pour traiter ces démarches, et, dans 32 % des cas, celui de ses salariés aussi.

Plusieurs pistes d’amélioration ont la faveur des patrons interrogés : la simplification des formulaires et (ou) la réduction des délais de l’administration, pour presque la moitié d’entre eux ; des normes moins évolutives (39 %) ; la clarification et l’explication desdites règles (27 %), voire un accompagnement proposé par l’administration (23 %). En proportion, c’est l’application des normes environnementales qui reste perçue comme la plus complexe (63 %). Les dirigeants qui se déclarent concernés par les nouvelles obligations écologiques (directives européennes CSRD et CS3D, quotas carbone…) réclament d’abord «la simplification des démarches à effectuer» (60 %), des délais de mise en œuvre plus longs (38 %), et davantage de conseils à leur sujet (27 %).

Libération

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