Procès le Scouarnec : l’ancien chirurgien reconnaît pour la première fois des agressions sexuelles sa petite-fille

Procès le Scouarnec : l’ancien chirurgien reconnaît pour la première fois des agressions sexuelles sa petite-fille

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Au quatrième jour de son procès pour viols et agressions sexuelles sur 299 patients, l’ex-chirurgien Joël Le Scouarnec a avoué ce vendredi 28 février avoir commis des «abus sexuels» sur sa petite-fille, devant son fils aîné. Ce dernier venait de déplorer le silence régnant dans la famille : il était venu témoigner devant la cour criminelle du Morbihan (Vannes) pour éclairer la personnalité de l’accusé et le contexte familial, marqué par des incestes et agressions sexuelles multiples, commises ou non par son père.

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«Je reconnais des actes d’abus sexuels sur ma petite-fille», a déclaré l’homme de 74 ans. Après ces révélations, le témoin et sa compagne, mère de l’enfant, ont été pris en charge par des psychologues. La victime, âgée de 12 ans, étant toujours mineure, les actes sont «non-prescrits», a souligné l’avocat général.

L’aîné, 44 ans, était le dernier des trois fils de l’accusé à être entendu par la cour. Comme ses frères, il évoque une enfance heureuse et un père très pris par son activité médicale mais avec lequel il a un «fort lien et une forme d’admiration». Avec le recul, «bien sûr qu’il y avait des choses qui n’étaient pas dites, on nous a caché énormément de choses», dit le quadragénaire «en colère».

Il se souvient ainsi avoir appris fortuitement, «quelques mois» seulement avant l’arrestation de son père en 2017 pour le viol d’une voisine de six ans, que la perquisition menée en 2004 au domicile du chirurgien concernait des fichiers pédopornographiques qu’il avait téléchargés sur son ordinateur. Et non pas des films de cinéma piratés comme il l’avait toujours cru.

Sa mère, Marie-France, ne lui en avait jamais parlé. Plusieurs écrits de Joël Le Scouarnec laissent pourtant penser qu’elle avait depuis longtemps connaissance des attirances pédocriminelles de son ex-époux. Mercredi, Marie-France Le Scouarnec avait choqué les victimes en affirmant n’avoir rien vu ni su. Lorsqu’il apprend que son père a téléchargé des contenus pédocriminels, le fils aîné a une fille en bas âge. «Ma compagne en a voulu énormément à ma mère de ne pas l’avoir prévenue pour se prémunir et la protéger», dit-il à la barre. Lui-même dit ne plus avoir de contact avec sa mère depuis 2017 et la révélation des crimes de son père.

Le fils sombre dans la dépression, puis l’alcoolisme pendant deux ans après la condamnation en 2020, à Saintes (Charente-Maritime), de son père à 15 ans de réclusion pour les violences sexuelles commises sur quatre enfants, dont ses deux nièces. Au procès de Saintes, l’avocat général lui avait lu un extrait des carnets où l’accusé note scrupuleusement les noms de ses victimes et ce qu’il leur inflige : cet extrait concerne sa fille, âgée alors d’environ deux ans, devant laquelle Joël Le Scouarnec se serait exhibé.

«Ça a créé un grand traumatisme chez moi et beaucoup de colère», lance-t-il alors, disant ne pas avoir voulu porter plainte sur le moment «pour ne pas exposer» sa fille. Interrogé vendredi sur cette réaction, il semble se raviser. «Vous pensez que le silence face à ces faits serait protecteur ?», lui demande l’avocat général, Stéphane Kellenberger. «Non, en aucune façon. Mais ça demande énormément de courage». «Quand on ne dénonce personne, les choses continuent.»

Libération

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