Gustavo Gutiérrez, père de la théologie de la Libération, est mort à 96 ans

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Disparition

Le prêtre péruvien est décédé mardi 22 octobre à Lima. Il était connu pour dénoncer les injustices et les inégalités en Amérique latine. Avec sa théologie de la libération, l’homme d’Eglise incarnait un courant de pensée chrétienne centré sur la dignité des pauvres.

La théologie chrétienne perd l’un de ses plus importants penseurs contemporains. Le prêtre et intellectuel Gustavo Gutiérrez s’est éteint mardi 22 octobre à Lima, à 96 ans. Il est à l’origine d’un courant spirituel qui a transformé en profondeur l’Eglise en Amérique Latine. Avec sa «théologie de la Libération», il se positionne aux côtés des plus démunis, et affirme que la pauvreté n’est pas voulue par Dieu.

Né en 1928 à Lima, il suit d’abord des études de médecine et devient psychiatre. A 24 ans, sa vocation de prêtre se fait trop forte : il part à l’université de Louvain étudier la psychologie et la philosophie, puis poursuit son cursus à l’université catholique de Lyon où il se forme à la théologie. Ordonné prêtre en 1959, il revêt la robe de curé à Rimac, un quartier pauvre de Lima au Pérou.

En côtoyant la misère, Gustavo Gutiérrez construit sa théologie de la Libération. Il prône une réorganisation de la société et dénonce les ravages du capitalisme, responsable selon lui des souffrances d’innombrables «frères et sœurs». Il considère qu’il faut soulager les pauvres de leurs conditions de vie, mais qu’ils doivent aussi s’émanciper par eux-mêmes. Selon lui, «on ne peut pas être chrétien aujourd’hui sans un engagement de libération».

Une vision politique de la religion

Conceptualisée une première fois en 1968, puis développée dans son livre Théologie de la Libération : perspectives en 1971, sa pensée se diffuse largement dans une Amérique du Sud divisée par les inégalités et les crises démocratiques. La théologie de la Libération s’inscrit dans un mouvement sociopolitique global, où ses adhérents militent activement contre les dictatures sud-américaines.

La vision de la religion du prêtre péruvien est d’abord critiquée par une branche de l’Eglise, notamment par le Vatican et par le pape Jean Paul II. Le théologien est accusé d’adopter une grille de lecture marxiste et révolutionnaire de la libération chrétienne. Pour son 90e anniversaire, Gustavo Gutiérrez est finalement salué par le pape François pour son «service théologique» et pour «sa façon d’interpeller la conscience de chacun, afin que personne ne reste indifférent au drame de la pauvreté et de l’exclusion».

Derrière lui, Gustavo Gutiérrez laisse une spiritualité qui continue à avoir des conséquences sociales. «Son travail en faveur des pauvres et des laissés-pour-compte de la société continuera d’éclairer le chemin de l’Eglise pour un monde plus juste et plus fraternel» a réagi l’Institut Bartolomé de las Casas, un centre de soins pour les déshérités que le prêtre fonda en 1974. L’ordre dominicain du Pérou a annoncé que des messes seraient célébrées en son honneur dans les prochains jours. Un hommage lui sera rendu dans la basilique Santo Domingo de Lima.

Libération

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