Eau potable : la pollution des eaux «très sous-estimée» faute de suivi par les autorités sanitaires, dénonce Générations Futures

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Pesticides

L’eau, une ressource essentielle et menacéedossier

Des dizaines de molécules issues de la dégradation de pesticides, potentiellement toxiques, ne font l’objet d’aucune surveillance de la part des autorités, pointe un rapport publié ce mardi 15 octobre par l’ONG Générations Futures. Elles sont pourtant susceptibles d’être présentes dans les eaux souterraines françaises.

Les eaux souterraines, principale ressource naturelle en eau potable de France, plus menacées que ce qu’on croit par la pollution ? Alors qu’en mai, des polluants avaient déjà été détectés dans un quart des contrôles des eaux souterraines, un rapport de l’ONG environnementale Générations Futures pointe ce mardi 15 octobre une pollution des eaux françaises «très sous-estimée». Selon cette étude, des dizaines de métabolites de pesticides, molécules issues de leur dégradation et potentiellement toxiques, ne font ainsi l’objet d’aucune surveillance de la part des autorités sanitaires. Ni dans les nappes phréatiques, ni dans l’eau du robinet. Et ce alors que ces métabolites sont «officiellement à risque de dépasser la norme pour l’eau potable» après avoir infiltré les sols, eaux de surface et eaux souterraines.

«Effet cocktail»

L’ONG affirme avoir identifié 56 métabolites de pesticides n’ayant fait l’objet d’aucun suivi alors qu’ils risquent de contaminer les eaux souterraines à des concentrations supérieures à 0,1 μg /l, soit la limite réglementaire, selon leur analyse de travaux de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). «Parmi ces 56 métabolites non suivis, nous avons identifié 12 métabolites particulièrement à risque», affirme l’association.

Parmi eux, l’acide trifluoroacétique (TFA), une molécule très persistante déjà dans le viseur du Réseau européen d’action sur les pesticides (PAN Europe). Le TFA est issu de la dégradation de certains «polluants éternels», les Pfas, qui sont des substances présentes dans des pesticides, des gaz réfrigérants, des revêtements antiadhésifs de poêles, des mousses anti-incendie ou des cosmétiques, et particulièrement dans les rejets des usines qui les produisent. «Les autorités françaises ne peuvent pas ignorer les risques de contamination des eaux souterraines par le TFA», alerte l’ONG, arguant de la proposition d’une agence sanitaire allemande de classer le TFA comme toxique pour la reproduction.

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«Les conséquences d’une exposition chronique aux métabolites de pesticides présents dans l’eau potable sont largement inconnues», rappelle Générations Futures, qui dénonce régulièrement un déficit d’études sur la toxicité de ces molécules. Et même si les informations manquent pour déterminer avec certitude les niveaux de concentrations sans risque, les associations antipesticides rappellent que les molécules se cumulent dans l’eau et peuvent avoir un «effet cocktail».

En conclusion, «Générations Futures demande la mise en place rapide d’un plan d’action pour améliorer la surveillance des métabolites et relancer une politique ambitieuse de diminution de l’usage des pesticides en France», prévue par le plan Ecophyto du gouvernement, très décrié par les écologistes. Fin 2023, une commission d’enquête avertissait qu’en France, «sur au moins un tiers du territoire national, les pesticides et leurs métabolites constituent une menace majeure pour la ressource en eau potable».

Libération

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