Ligue des champions : Lille obtient le nul à Dortmund, les Dogues en ont dans le réservoir

Brillants depuis leur entrée dans la compétition en août, les Lillois auront traversé le Signal Iduna Park de Dortmund, ce mardi 4 mars au soir, sans coup férir, cueillant un nul (1-1) équitable, où chaque équipe aura eu sa mi-temps mais où l’énergie supérieure de Benjamin André et ses coéquipiers est apparue de plus en plus évidente au fil des minutes, laissant augurer de belles possibilités dans huit jours pour le retour à Villeneuve-d’Ascq. Les deux équipes ont donné l’impression de jouer placées, comme s’il avait fallu en garder pour plus tard. D’où un léger sentiment de frustration, qui peut du reste étreindre les deux camps.

L’équation de ce match était très particulière. Peu habitués à ces altitudes à quelques joueurs près (le défenseur brésilien Ismaily, le milieu Benjamin André, l’attaquant canadien Jonathan David), les Lillois devaient grandir in situ, s’élever à l’épreuve du jeu. Les Allemands, eux, sont vice-champions d’Europe en titre. Une question de repères mais pas seulement, une prescience des situations aussi, de la sensibilité arbitrale jusqu’aux moments où il faut en rabattre sur la qualité de relance, par exemple.

Au coup d’envoi, l’inexpérience nordiste a un visage : Ethan Mbappé (18 ans), le frère du capitaine des Bleus. Le Borussia ne fait pas de miracle. Mais alors que Mbappé, Ngal’ayel Mukau (20 ans) et Ayyoub Bouaddi (17) rendent ballon sur ballon, les locaux installent sans peine leur sûreté technique et un contrôle supérieur, en plus de compacter les Lillois dans leurs quarante mètres. Quand Karim Adeyemi, qui n’a pas un défenseur pour le gêner dans un rayon de dix mètres, reprend du gauche et depuis l’extérieur de la surface un corner repoussé pour mettre son équipe aux commandes (1-0, 22e), on est dans le sens du match. Les erreurs lilloises n’aident pas pour sûr. Mais il y a pire : leur incapacité à mettre la défense adverse sous pression, qui donne une assurance et un confort supplémentaire à une formation du Borussia qui n’en manque déjà pas quand elle se présente sur un terrain. Bouaddi et consorts rallient le vestiaire pour la mi-temps avec un motif d’optimisme et pas deux : ils n’en ont pris qu’un.

Bruno Genesio n’a pas effectué le moindre changement à la pause : il faut entendre que l’entraîneur lillois n’en fait pas une histoire d’homme, c’est l’état d’esprit général qui pèche à ses yeux. La jeunesse lilloise avait un peu inhibé l’équipe lors de la période initiale : celle de Hakon Haraldsson (21 ans), l’attaquant islandais des Dogues, va beaucoup contribuer à réveiller son équipe en seconde, gagnant ses duels, s’embrouillant avec les défenseurs allemands pour électriser le match et rétablissant le lien avec son attaquant de pointe, Jonathan David. Et le match a tourné, soulignant au passage le côté un peu artificiel d’un Borussia friable sous pression.

Après s’être occupé du jeu, le duo Haraldsson – David a pris en charge la marque, le premier récupérant un ballon du second plein axe pour remettre le Losc à hauteur (1-1, 68e). Sur leur premier tir cadré du match, c’est vrai. Mais les joueurs de Dortmund n’en avaient cadré qu’un avant eux aussi. Et ce sont les Lillois qui ont dimensionné le match en fin de rencontre, dictant le rythme, dominant les duels et roulant des yeux pour effrayer des adversaires prompts à se replier pour sauver le nul. On en termina sur un bisou, oui, un bisou du rude défenseur lillois Alexandro, taillé comme un arbre, sur Adeyemi, le frêle (1,77 mètre pour 67 kilos annoncés) ailier du Borussia, buteur du soir. On réglera les comptes plus tard.