Allocution d’Emmanuel Macron : la menace russe et «l’innocence révolue»

Allocution d’Emmanuel Macron : la menace russe et «l’innocence révolue»

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A situation exceptionnelle, réaction exceptionnelle. Soulagé d’être projeté loin du théâtre politique hexagonal sur lequel il a perdu toute crédibilité depuis sa dissolution ratée, Emmanuel Macron a endossé le rôle qui lui va objectivement le mieux, celui de leader européen confronté à une crise internationale majeure. On se souvient toutes et tous du ton martial avec lequel le chef de l’Etat avait asséné son fameux «nous sommes en guerre» le 16 mars 2020, en pleine crise du Covid. Il ne se doutait pas alors qu’il renouvellerait l’exercice cinq ans plus tard quasi-jour pour jour et que, cette fois, l’expression aurait une vraie consonance militaire.

«La menace russe est là», a-t-il asséné d’emblée mercredi soir, avant d’annoncer de nouveaux efforts budgétaires et peut-être de nouvelles réformes afin d’accroître l’aide française et européenne à l’Ukraine et renforcer nos armées. «Il faudra des choix et du courage, a-t-il martelé, la mine grave, le moment exige des décisions sans précédent.» Force est de constater qu’Emmanuel Macron n’a pas ménagé sa peine, depuis les premiers signes de lâchage émis par Donald Trump, pour battre le rappel de ses homologues européens, profitant de l’arrivée au pouvoir, au Royaume-Uni et en Allemagne, de deux hommes décidés à faire front commun et à s’en donner tous les moyens.

Le Premier ministre hongrois mis à part, et peut-être aussi la présidente du Conseil italien qui hésite encore entre son trumpisme affiché et sa solidarité avec ses camarades, les dirigeants européens n’ont jamais paru aussi unis, déterminés à soutenir une Ukraine abandonnée par les Etats-Unis et à faire enfin du Vieux Continent une puissance politique et militaire autonome, merci Donald Trump. Mais cet objectif ne pourra être atteint du jour au lendemain. «Les solutions de demain ne pourront être les habitudes d’hier», a conclu le chef de l’Etat. Ce qui laisse présager le pire pour le modèle social français. Sur ce terrain-là aussi, le sang et les larmes ont plané au-dessus du discours présidentiel.

Libération