Corée du Sud : profitant d’un vice de procédure, le président Yoon va recouvrir la liberté

Corée du Sud : profitant d’un vice de procédure, le président Yoon va recouvrir la liberté

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Un jour de retard et une procédure invalidée. Le président sud-coréen suspendu Yoon Suk Yeol est sorti de prison vendredi 7 mars sur ordre d’un tribunal, qui a donné droit à une demande de ses avocats d’annuler son mandat d’arrêt, a-t-on appris de source judiciaire. L’équipe juridique du président avait intenté le mois dernier un recours contre le maintien en détention de leur client, soutenant que les procureurs l’avaient inculpé un jour après l’expiration du mandat en vertu duquel il était détenu après sa tentative ratée de suspendre le régime civil en décembre. «Pour garantir la clarté de la procédure et éliminer tout doute quant à la légalité du processus d’enquête, il est approprié d’émettre une décision d’annulation de la détention», a écrit le Tribunal du district central de Séoul dans sa décision.

Cette inculpation aurait pu avoir lieu en temps et en heure, mais la garde présidentielle s’était à deux reprises opposées physiquement à l’entrée des enquêteurs dans le palais présidentiel. Le président n’a toutefois pas encore recouvré la liberté, a signalé un des membres de son équipe de défense. «Même si le tribunal décide d’annuler la détention, l’accusé n’est pas immédiatement libéré», a déclaré l’avocat Seok Dong-hyeon.

Le président conservateur, soutenu par des partisans glissant à l’extrême droite, avait plongé la Corée du Sud dans le chaos politique le 3 décembre en décrétant la loi martiale et en envoyant l’armée au Parlement pour tenter de le museler. Il avait dû faire marche arrière six heures plus tard, les députés étant parvenus à se réunir en urgence et à voter une motion exigeant le retour au régime civil.

Yoon Suk Yeol, 64 ans, avait justifié son coup de force par le fait que le Parlement, dominé par l’opposition, bloquait l’adoption du budget de l’Etat. Dans une allocution télévisée surprise, il avait dit vouloir «protéger la Corée du Sud libérale des menaces posées par les forces communistes nord-coréennes» et «éliminer les éléments hostiles à l’Etat».

L’Assemblée nationale sud-coréenne avait voté la destitution de Yoon Suk Seol le 14 décembre. Pour le moment, le président est seulement suspendu de ses fonctions, le temps que la Cour constitutionnelle confirme ou infirme le vote des députés. Selon les médias sud-coréens, cette décision pourrait être rendue dès la semaine prochaine. Si la Cour confirme la destitution, il sera définitivement déchu et une élection présidentielle sera organisée dans les 60 jours. Dans le cas contraire, il sera réinstallé dans ses fonctions.

La majeure partie du procès en destitution s’est penchée sur la question de savoir s’il a violé la Constitution en déclarant la loi martiale, une mesure qui ne peut être prise que lorsqu’une intervention militaire est nécessaire pour préserver la sécurité et l’ordre public «en cas de conflit armé ou d’une urgence nationale similaire».

Arrêté le 15 janvier après s’être retranché plusieurs semaines dans sa résidence de Séoul, Yoon avait été inculpé le 26 janvier et placé en détention provisoire pour six mois. Une semaine plus tôt, ses partisans avaient tenté un coup de force aux accents trumpistes en investissant le tribunal qui avait validé ce placement en détention.

Il est accusé d’«insurrection», un crime passible de la peine capitale ou de la prison à vie, qui n’est pas couvert par son immunité présidentielle. Son procès pénal, le premier contre un président en exercice dans l’histoire de la Corée du Sud, a démarré le 20 février devant le Tribunal du district central de Séoul par une audience préliminaire consacrée aux questions de procédure. Pendant l’audience, l’homme fort du pays a dit vouloir empêcher une «dictature». La prochaine audience est prévue le 24 mars.

Libération

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