Mounia Merzouk, la mère de Nahel, témoigne de son impossible deuil

Mounia Merzouk, la mère de Nahel, témoigne de son impossible deuil

Главная страница » Mounia Merzouk, la mère de Nahel, témoigne de son impossible deuil

Tous les jours, Mounia Merzouk se rend sur la tombe de son fils Nahel, tué le 27 juin 2023 au matin, à Nanterre (Hauts-de-Seine), par le tir d’un policier. Invitée par C l’hebdo samedi 8 mars, la femme de 46 ans témoigne : «Mon rôle de mère maintenant est d’aller dire bonjour à mon fils tous les matins sur une tombe. Et voilà ma vie est devenue comme ça, après je rentre chez moi.» En dehors de son travail, elle ne sort plus ou presque, errant dans son appartement à la chambre désespérément vide. La voix se brisant, elle poursuit : «Jamais je ne pourrai faire mon deuil par rapport à mon fils. Chaque personne me fait rappeler le 27 juin.»

A lire aussi

Ce jour-là, dans les rues de Nanterre, l’adolescent de 17 ans était au volant d’une Mercedes et tentait de prendre la fuite après un contrôle policier. Sa mort et la diffusion dans la foulée d’une vidéo du tir ont entraîné plusieurs jours de révoltes dans de nombreux quartiers populaires, aux quatre coins de la France. Le procureur de la République de Nanterre a requis, mardi, la mise en accusation pour meurtre du policier Florian M., auteur du coup de feu. Un non-lieu a été requis pour le second policier, placé sous le statut de témoin assisté. A l’appel du syndicat policier d’extrême droite Alliance, près de 2 500 membres des forces de l’ordre se sont rassemblés en signe de protestation dès le lendemain.

Le mis en cause peut aussi compter sur des soutiens haut placés. Selon le Parisien, le préfet des Hauts-de-Seine, Alexandre Brugère, ancien directeur de cabinet de Gérald Darmanin, s’est déplacé au commissariat de Nanterre mercredi, pour rassurer les troupes : «Je suis venu vous dire que vos chefs vous aiment et qu’avec Laurent Nuñez, sous l’autorité de Bruno Retailleau, nous sommes à vos côtés.» Sur CNews, Laurent Nuñez, le préfet de police de Paris, dit lui avoir «accueilli la décision [du parquet de Nanterre] avec stupéfaction», tandis que le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, en rappelant la présomption d’innocence, a apporté son «soutien indéfectible aux policiers et gendarmes» sur X.

A lire aussi

Après les manifestations de juin 2023, auxquelles elle a pris part, et les révoltes, qui l’ont «dépassée», Mounia Merzouk le sait, chacune de ses paroles et attitudes est désormais scrutée. Elle tente de se prémunir de toute étiquette militante. Au Parisien, elle dit ne pas souhaiter «devenir une porte-parole des violences policières». Et complète sur C l’hebdo : si un procès se tient, ce sera celui des «deux policiers qui ont tué mon fils […] Il ne méritait pas de mourir comme ça. La vidéo que vous mettez, remettez, remettez. Moi, je la verrai jusqu’à la fin de ma vie». La quadragénaire souhaiterait néanmoins que la mort de son fils puisse faire «réfléchir sur comment fonctionne la police. Elle doit protéger les enfants, pas les tuer».

Depuis plusieurs jours, elle encaisse les débats sur les chaînes d’info en continu autour de la «conduite» dangereuse de son fils. «C’est systématique dans les dossiers de violences policières. On ne se contente pas de criminaliser la victime, on érige les auteurs en héros», déplore sa deuxième avocate, Yasmina Belmokhtar. La mère de l’adolescent reconnaît son «refus d’obtempérer», concède que «ce n’est pas bien», mais soutient : «Ça ne peut pas justifier d’être tué ! Il y a une victime dans cette affaire et c’est Nahel. A chaque fois que l’on parle de Nahel, on nie une réalité qui est celle-ci : un représentant de la loi est descendu de sa moto une arme à la main et a tué mon garçon.»

Libération

Post navigation

Leave a Comment

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *