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Le président syrien par intérim, Ahmed al-Charaa, a promis dans la soirée du dimanche 9 mars de poursuivre les responsables de «l’effusion de sang de civils» dans une flambée de violences sans précédent depuis la chute de Bachar al-Assad. L’ONU, Washington et d’autres capitales ont condamné ces tueries, appelant les autorités syriennes à y mettre fin. D’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie, «le nombre total de martyrs civils liquidés s’élève à 973, y compris des femmes et des enfants», évoquant des «meurtres, des exécutions sommaires et des opérations de nettoyage ethnique».
Les violences ont été déclenchées par une attaque sanglante le 6 mars de partisans du président déchu contre des forces de sécurité à Jablé, près de la ville de Lattaquié, berceau de la minorité alaouite, branche de l’islam chiite dont est issu le clan Assad. Les autorités ont ensuite envoyé des renforts dans les provinces voisines de Lattaquié et Tartous, pour soutenir des opérations des forces de sécurité contre les pro-Assad. Au moins 481 membres des forces de sécurité et combattants pro-Assad ont également été tués, selon l’OSDH. Les autorités, elles, n’ont pas fourni de bilan officiel.
Appelant lors d’un discours dans une mosquée de Damas à «préserver l’unité nationale et la paix civile», Ahmed al-Charaa a annoncé la formation d’une «commission d’enquête indépendante» sur «les exactions contre les civils» afin d’en identifier les responsables et de les «traduire en justice». «Nous demanderons des comptes […] sans indulgence, à toute personne impliquée dans l’effusion de sang des civils», a-t-il ensuite promis dans une vidéo diffusée par l’agence de presse officielle syrienne Sana. «Aujourd’hui, nous nous portons garants de tout le peuple syrien et de toutes les confessions, et nous protégeons tout le monde de la même manière», a de son côté assuré le chef de la diplomatie syrienne, Assaad Al-Chaibani, en déplacement à Amman.
Ahmed al-Charaa, alors à la tête du groupe islamiste sunnite radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) – classé comme terroriste par plusieurs pays, dont les Etats-Unis –, a dirigé la coalition rebelle qui a fait fuir Assad à Moscou le 8 décembre. Depuis son arrivée à la tête d’un pays multiethnique et multiconfessionnel, déchiré par plus de treize ans de guerre civile, l’homme s’efforce d’obtenir le soutien de la communauté internationale et de rassurer les minorités. Lors d’un sermon dimanche, le patriarche orthodoxe d’Antioche, Jean X, a relevé que les massacres avaient aussi visé «de nombreux chrétiens innocents». La majorité des victimes «étaient des civils innocents et désarmés dont des femmes et des enfants», a-t-il affirmé.
L’administration autonome kurde de Syrie, qui contrôle de grands pans de l’est et du nord du pays, a également condamné des «pratiques [qui] nous ramènent à une époque noire que le peuple syrien ne veut pas revivre». Le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, a quant à lui exhorté l’Europe à «cesser d’accorder une légitimité» au pouvoir de transition syrien «au passé terroriste bien connu».
Dimanche, le ministère de l’Intérieur a annoncé l’envoi de «renforts supplémentaires» à Qadmous, dans la province de Tartous, où les forces de sécurité «traquent les derniers fidèles à l’ancien régime». L’agence de presse Sana a rapporté de «violents affrontements» à Taanita, un village de montagne du même secteur où ont fui «de nombreux criminels de guerre» du précédent pouvoir, protégés par ces mêmes «fidèles d’Assad». Selon Aron Lund, du centre de réflexion Century International, la flambée de violences témoigne de la «fragilité du gouvernement», qui s’appuie «sur des jihadistes radicaux qui considèrent les alaouites comme des ennemis de Dieu».
A Damas, les forces de sécurité sont intervenues pour disperser un sit-in de protestation contre les tueries après l’irruption d’une contre-manifestation réclamant un «Etat sunnite», émaillée de slogans hostiles aux alaouites.
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