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Faute d’une date pour l’examen du texte à l’Assemblée nationale, Rachida Dati s’y prend par d’autres moyens pour faire avancer sa tant désirée réforme de l’audiovisuel public. La ministre de la Culture a ainsi annoncé ce lundi 10 mars avoir confié à Laurence Bloch, ex-patronne de France Inter et directrice des antennes de Radio France (jusqu’à sa retraite l’an passé), une «mission d’accompagnement sur la réforme de gouvernance de l’audiovisuel public». Fin janvier, Rachida Dati avait ainsi assuré qu’elle mènerait à son terme, «d’ici l’été», cette réforme qui prévoit la création d’une holding, France Médias, chapeautant quatre filiales (France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, Institut national de l’audiovisuel) sous l’autorité d’un ou d’une présidente. Le timing est serré : Dati espère pouvoir inscrire le lancement de cette réforme à son bilan rue de Valois, avant de se lancer à l’assaut de la mairie de Paris à horizon mars 2026.
Sauf que le texte, à l’origine une proposition du sénateur centriste Laurent Lafon adoptée par le Sénat en juin 2023, peine à être inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale en séance publique. Alors qu’il aurait dû être examiné en décembre avant d’être retardé par la chute du gouvernement Barnier, son avenir reste incertain. Ce n’est pas la première fois : le rapprochement des différentes entités de l’audiovisuel public avait été amorcé en 2019 par le ministre de la Culture d’alors, Franck Riester, avant d’être rangé dans un tiroir au moment de la pandémie de Covid-19. L’an passé, le projet d’une fusion des entreprises de l’audiovisuel public porté par Dati avait, une nouvelle fois, été entravé, cette fois par la dissolution de l’Assemblée nationale en juin. Du côté des syndicats de l’audiovisuel public (Radio France, France Télévisions…), le projet est fortement contesté : les syndicats ont notamment dénoncé en février une «fausse solution», dans un texte cosigné par plus de 2 000 élus locaux et parlementaires.
La nomination de Laurence Bloch, 72 ans, rend, surtout, un peu plus concrètes les ambitions jusque-là vaporeuses de Rachida Dati. Sa mission doit «contribuer à la réflexion sur la mise en œuvre des coopérations, les possibilités nouvelles et concrètes de coordination et en particulier les possibilités de renforcer la visibilité des offres de service public», ainsi que le précise un communiqué du ministère de la Culture. «Avec la concurrence des grandes plateformes et l’évolution des usages, il est indispensable que l’audiovisuel public accélère sa transformation», justifie le ministère, invoquant «un enjeu à la fois démocratique et de souveraineté nationale».
La future présidence de cette holding est convoitée de longue date par la patronne de France Télévisions, Delphine Ernotte. Une perspective qui fait craindre à Radio France un déséquilibre de cette structure en faveur de la télévision. La nomination de Laurence Bloch à la tête de cette mission d’accompagnement vient rassurer ces craintes. C’est ce qui transparaît dans la déclaration de Sibyle Veil à l’AFP, la présidente de Radio France ayant qualifié de «bonne nouvelle» le choix de son ancienne numéro 2, qui «permettra de mettre la radio au cœur des réflexions sur l’audiovisuel public».
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