Après le Doliprane, le laboratoire français Sanofi se sépare de l’Aspegic

Après le Doliprane, le laboratoire français Sanofi se sépare de l’Aspegic

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L’externalisation des médicaments sans ordonnance se poursuit chez Sanofi. Cinq mois après les remous suscités par la cession de sa marque grand public Doliprane à un fonds américain, le premier laboratoire pharmaceutique tricolore va se séparer de son usine dans le Loiret et, avec elle, de trois marques d’aspirine publiques : Aspegic, Kardegic et Cardirene (nom commercial du Kardegic pour l’Italie). Le géant a annoncé la semaine dernière que les produits de l’usine d’Amilly ne rentraient plus dans sa stratégie focalisée sur les médicaments et vaccins innovants.

L’opération planifiée pour l’automne attribuerait à l’entreprise française Substipharm la commercialisation et le développement des trois marques. Le site industriel serait en revanche repris par le sous-traitant européen de préparations pharmaceutiques Astrea Pharma, qui a acquis fin 2024 deux usines françaises, à Fontaine-lès-Dijon (Côte-d’Or) et Monts (Indre-et-Loire).

«C’est la suite d’Opella», résume Fabien Mallet, syndicaliste CGT Sanofi France, en référence à l’entité de médicaments sans ordonnance du géant pharmaceutique français, cédée avec fracas à hauteur de 50 % au fonds américain Clayton Dubilier & Rice (CD & R). «On savait que, de toute façon, il y avait un risque» pour l’usine d’Amilly (Loiret), à la fois «parce qu’elle produit pour Opella», qui commercialise l’Aspegic et «parce que ça fait à peu près un an qu’il n’y a pas d’investissement». «Mais on demandait à Sanofi de ramener de nouvelles productions sur le site et pas de le vendre ou de l’extérioriser», poursuit le responsable syndical.

«De nouvelles activités et volumes» seraient générés par le repreneur, selon le projet qui n’aurait par ailleurs «aucun impact sur l’emploi», assure Sanofi. Mais, «on n’a sur la table ni les engagements d’investissement nécessaires, ni les volumes qu’ils veulent ramener», rétorque Fabien Mallet, indiquant que des débrayages ont lieu depuis le 5 mars ainsi qu’un piquet de grève devant le site qui emploie 276 collaborateurs.

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La cession des activités de distribution du site amillois au groupe DHL l’an dernier, avait déjà provoqué des inquiétudes chez les salariés. La vente programmée de l’usine, créée en 1961, s’est invitée dans le débat politique, sans faire de vagues par rapport à l’émotion provoquée par la vente de l’emblématique Doliprane, médicament de loin le plus prescrit en France. «Nous suivons tout cela de très très près pour veiller à ce que les engagements soient tenus», a simplement déclaré le ministre de l’Economie Eric Lombard mercredi à l’Assemblée nationale, questionné par le député Rassemblement national du Loiret Thomas Menagé.

Celui-ci a souligné que l’usine d’Amilly était «la seule en Europe à pouvoir synthétiser le principe actif du Kardegic», qui protège des maladies cardiovasculaires avec «27 millions de boîtes vendues» en 2023. Selon lui, la cession en vue de cet outil de production à un façonnier, détenu par «une holding luxembourgeoise», fait naître de nouvelles inquiétudes. Il a rappelé qu’au moment de l’annonce de la cession d’Opella en octobre 2024, l’Etat avait dit avoir obtenu des garanties en matière d’emplois et de production, y compris pour l’Aspegic, via un accord tripartite entre l’Etat, Sanofi et CD & R. Le projet de cession du site d’Amilly rend, selon lui, ces gages «caduques». Et rien ne permet d’affirmer que les engagements seront respectés par les nouveaux opérateurs.

Les marques Aspegic et Kardegic représentent 50 % des volumes à Amilly. «L’impact Doliprane n’est pas le même que l’impact Kardegic /Aspegic, en termes de volume de ventes» et de popularité auprès des patients, reconnaît Fabien Mallet. Il juge cependant «problématique», que «Sanofi vire tous ses médicaments matures» parce qu’une fois sortis du giron du groupe, nul ne sait si «l’acteur auquel ils ont été vendus aura les reins assez solides pour les maintenir sur le marché». Sanofi concentre actuellement ses investissements sur des projets dans les domaines de l’immunologie, des maladies rares, de la neurologie et des vaccins.

Libération

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