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C’est l’une des auditions les plus mouvementées depuis la commission d’enquête sur les violences commises dans le cinéma. L’ancien agent de stars et producteur Dominique Besnehard, créateur de la série Dix pour cent, a mis en cause jeudi 13 mars le comportement d’actrices qui ont accusé Harvey Weinstein ou Gérard Depardieu de viols. Au début de son audition à l’Assemblée nationale, l’homme de 71 ans, dans le métier depuis cinquante ans, a d’emblée revendiqué appartenir «à l’ancien monde».
Ensuite interrogé sur le comportement de Gérard Depardieu, avec qui il a travaillé par le passé et en faveur duquel il a signé une pétition de soutien, «par fidélité» pour sa fille, Julie, Dominique Besnehard a répondu en mettant en cause l’actrice Charlotte Arnould, qui accuse Depardieu de l’avoir violée à son domicile. «Généralement, les cours de théâtre, on les fait dans un cours de théâtre, on ne va pas à domicile chez un acteur», a déclaré Besnehard à propos du comportement supposé de la plaignante. L’acteur a été mis en examen dans cette affaire et le parquet a requis un procès à son encontre.
Dominique Besnehard a aussi assumé son soutien à Gérard Depardieu, un homme qu’il dit avoir vu «se transformer», et «vriller après la mort de son fils», Guillaume, en 2008. Affirmant ne plus avoir de contact avec lui, il a tout de même rappelé la «présomption d’innocence».
L’ancien agent le plus puissant du cinéma français a également abordé l’affaire Harvey Weinstein, le producteur roi d’Hollywood jusqu’à sa chute retentissante en 2017, lorsque des dizaines de femmes l’ont accusé de harcèlement, d’agression sexuelle ou de viol, déclenchant l’onde de choc planétaire #MeToo.
Il a, là encore, mis en cause le comportement des plaignantes : «Quand j’étais agent, j’ai vu des actrices un peu dépasser les bornes. On ne va pas dans un hôtel avec un metteur en scène. Excusez-moi, Weinstein qui allait à Cannes, certaines actrices allaient dans sa chambre pour peut-être faire une carrière américaine. Je l’ai vu ça ! J’ai même des actrices dont je m’occupais qui y sont allées !»
Il a par contre salué le courage d’autres actrices qui, selon lui, refusaient ce genre de propositions : «Je suis peut-être la personne qui connaît le mieux les actrices», a-t-il ajouté en citant les stars «Nathalie Baye, Isabelle Adjani…» «Je ne crois pas qu’Isabelle Huppert, jeune comédienne, monte dans un hôtel avec un producteur qui a une mauvaise réputation, je suis désolé», a-t-il estimé.
Malgré tout, Dominique Besnehard a salué «le mouvement #MeToo» : «c’est important car maintenant, on ne peut plus dire qu’on ne sait pas». Il a tenu à souligner le courage de l’actrice Noémie Kocher, qui avait accusé, bien avant la vague #MeToo, le cinéaste Jean-Claude Brisseau de harcèlement sexuel. Ce dernier a été condamné en 2005 puis est décédé en 2019.
💬”Vous arrêtez de faire la morale à tout le monde”
Le producteur Dominique Besnehard s’emporte face à Sandrine Rousseau lors de la commission d’enquête relative aux violences commises dans le cinéma à l’Assemblée pic.twitter.com/04ANfkrs46
— BFMTV (@BFMTV) March 13, 2025
Repris par la présidente de la commission d’enquête, la députée écologiste Sandrine Rousseau, Dominique Besnehard a perdu son calme, au cours de l’une des auditions les plus mouvementées depuis la création de cette instance, qui a auditionné des dizaines de responsables de la culture et du cinéma, et doit rendre son rapport dans un mois.
«Si c’est mon procès, je me taille ! Vous arrêtez de faire la morale à tout le monde, ça commence à bien faire !», a-il lancé à Sandrine Rousseau. Il est finalement resté plus d’une heure, et a pu entendre la députée écologiste lui répondre.
«Loin d’être de la morale comme vous l’avez qualifiée, la question est de savoir comment on fait respecter le droit et le corps des personnes. Plein de gens ont quitté le cinéma à cause de ça, le cinéma a perdu des talents […] car il y a eu une forme de complaisance», a souligné Sandrine Rousseau. «Vous qui dites tout le temps que vous êtes de l’ancien temps, je conclurai en vous disant : ‘‘Soyez de ce temps-là, monsieur Besnehard, parce que nous avons aussi besoin de vous !’’».
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