:quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/QAAYB544H5EBZJZJHYLFQDK46A.jpg)
L’édito d’Alexandra Schwartzbrod
Grossièretés, fake news, outrances… A moins de deux semaines du scrutin, l’ex-chef de l’Etat est en roue libre, rejoint par son allié milliardaire Elon Musk. Reste à savoir si cela séduira les indécis.
Ça sent l’écurie, si l’on peut se permettre. Aux deux sens du terme : on sent que la campagne électorale américaine s’emballe à moins de quinze jours du scrutin, et l’on sent comme une odeur de purin se dégager des propos de Donald Trump. Alors que les sondages le donnent légèrement en avance sur Kamala Harris – mais pas suffisamment pour dépasser la marge d’erreur –, l’ex-président multiplie les outrances, les fake news, les grossièretés, voire les obscénités. Il a vu que ce déchaînement lui réussissait, alors il y va franco. Il sait que ce 5 novembre est sa dernière chance de retrouver la Maison Blanche. Il n’a plus rien à perdre, donc il se lâche. N’hésitant pas à qualifier la candidate démocrate de «tarée», voire de «véritable pourriture», et allant jusqu’à entamer un discours, samedi, en s’émerveillant de la grosseur du sexe d’une légende locale du golf.
A lire aussi
Dans tout autre pays démocratique, ces sorties lui vaudraient aussitôt l’opprobre général, si ce n’est des sanctions. Aux Etats-Unis, ça passe. Sa base adore ça et en réclame toujours plus, trop heureuse de voir l’establishment moqué, voire traîné dans la boue. Le pire, c’est qu’il fait des émules, et pas n’importe qui. Elon Musk, le milliardaire fou, sentant le filon, s’est glissé dans sa roue, dépensant des millions de dollars pour soutenir celui avec qui il partage une fascination pour le billet vert. Embarqué dans une croisade complotiste et «anti-woke», Musk a trouvé son double en Donald Trump et décidé de faire tapis. Il mise tout sur le candidat républicain. Pour l’heure, ça marche, du moins auprès des déjà convaincus. Mais ces outrances permettront-elles au candidat républicain d’élargir sa base ? Il reste de nombreux indécis à convaincre, ce sont eux qui feront pencher la balance du scrutin d’un côté ou de l’autre. Et la question qui leur sera posée, dans le contexte d’instabilité extrême de la planète, est de savoir s’ils veulent porter un bouffon à la tête de la première puissance mondiale.
Leave a Comment