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En 2021, Emilie Dequenne recevait le césar de la meilleure actrice dans un second rôle pour les Choses qu’on dit, les Choses qu’on fait, tressage de récits amoureux qui trouvait son point d’orgue mémorable autour de son personnage de femme trompée, émouvante de générosité et de douleur dissimulée. Le cinéaste Emmanuel Mouret partage ses souvenirs de la comédienne disparue dimanche 16 mars.
«Il n’y avait pas eu de casting, je lui avais proposé le rôle directement car c’était une actrice avec qui je souhaitais travailler depuis très longtemps. Elle m’a toujours fascinée pour cette densité, ce rapport concret aux choses qu’elle incarne. Depuis Rosetta, je l’avais notamment beaucoup aimée dans Pas son genre où elle jouait une coiffeuse, et lui trouvais quelque chose de magnifiquement terre à terre qui pouvait rencontrer des récits très fictionnels. C’était quelqu’un d’extrêmement humble, pas très sûre d’elle, ce qui est toujours touchant quand on travaille avec des acteurs qu’on admire. Elle portait en elle cette grande simplicité y compris sur le plateau, en étant aussi proches des électros que des HMC [les équipes habillage, maquillage, coiffure ndlr]. Elle avait nourri le rôle d’elle-même – sa propre fille avait joué avec elle –, je n’avais rien d’autre à faire qu’à mettre en scène. Ce qui m’intéressait, c’est que son personnage était la clé d’une machination, proche du sacrifice, pour libérer l’homme qu’elle aime. Tout reposait autour d’un produit de l’imagination qu’il fallait qu’on croie possible : le mot peut paraître vague mais il fallait quelqu’un de très “ancré” pour qu’on puisse y croire. Elle ressentait tous les mots qu’elle pouvait dire. Je pense d’ailleurs qu’elle ne pouvait pas jouer quelque chose qu’elle ne ressentait pas.»
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