Trump contre les scientifiques (4/5) : «Je devrais être titularisée bientôt et pourtant je songe à partir»

Trump contre les scientifiques (4/5) : «Je devrais être titularisée bientôt et pourtant je songe à partir»

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Une attaque obscurantiste sans précédent. Depuis son investiture, le président des Etats-Unis, Donald Trump s’en prend violemment à la communauté scientifique. Coupes budgétaires drastiques, licenciements sans préavis et interdiction d’employer certains mots de vocabulaire, tout y passe. Le pays risque de perdre son statut de locomotive de la recherche internationale. Libération donne la parole à des scientifiques pour qui les Etats-Unis sont en train de devenir un repoussoir. Aujourd’hui, Lucy (son prénom a été modifié), chercheuse américaine spécialiste des sciences de l’éducation appliquée au changement climatique.

«Je devrais être titularisée bientôt et pourtant je songe à partir. C’est insensé. Je me sens histrionique, parfois j’ai l’impression de surréagir et parfois j’ai l’impression de sous-réagir vis-à-vis de la trajectoire de cette administration.

«Je travaille dans le champ des sciences de l’éducation. J’aimerais continuer à faire ce en quoi je crois, c’est-à-dire trouver comment continuer à éduquer les enfants, les enseignants et le public sur la crise climatique pour faire émerger une société civile informée et capable de s’adapter. Je crains fort que cela ne soit plus possible aux Etats-Unis. Dans plusieurs Etats, l’administration a mis en place une censure sur les programmes scolaires. Ils ont interdit d’aborder le changement climatique. A mon sens, il s’agissait des prémices de ce que fait Trump. Ils ont fait au niveau local et pour les enfants ce que Trump fait au niveau fédéral et dans les universités.

«Mes financements actuels proviennent de fonds privés, mais certains de mes collègues ont reçu des mails leur ordonnant de stopper leurs recherches sur fonds fédéraux. Nous avons aussi vu notre université faire tourner un programme d’intelligence artificielle pour trouver toutes les occurrences des mots interdits sur le site web de l’institution. Concrètement, cela signifie que mon nom est sur une liste quelque part dont je ne sais pas ce qu’ils vont faire. Dans un Etat républicain comme le mien, l’administration locale n’oppose aucune résistance aux politiques fédérales en train de se mettre en place. Cela faisait plusieurs années que je vis dans un Etat sur une pente autocratique et maintenant il se passe la même chose au niveau fédéral…

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«Mes travaux sont vraiment reliés au changement climatique. J’interviens auprès des enseignants pour les aider à faire passer cette notion, auprès de leurs différents publics. Il y a quelques jours, j’ai voulu aller chercher sur le site de la NOAA des documents de support sur l’enseignement du changement climatique. Ces pages ont disparu. La suppression des fonds attribués à l’université de Columbia, accusée d’antisémitisme, fait aussi très peur. Mon établissement est sur la liste des autres universités susceptibles de subir le même genre de décisions.

«Je regarde sérieusement le programme Safe place for science d’Aix Marseille Université, même si j’espère encore que la démocratie américaine sera assez forte pour tenir le choc. Parfois je me sens mal de vouloir partir… D’autres membres de ma famille sont concernées par les coupes budgétaires. J’ai le cœur brisé pour le monde et mon pays. Je me rends compte que ce qui se passe a des répercussions d’une telle ampleur qu’il est difficile de les appréhender réellement… Nous méritons tous mieux !»

Libération

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