Un chasseur jugé pour avoir tué une ourse dans une réserve naturelle des Pyrénées

Un chasseur jugé pour avoir tué une ourse dans une réserve naturelle des Pyrénées

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Atteinte à la biodiversité ou légitime défense face à un animal imposant ? Un chasseur de 81 ans comparaît ce mardi 18 mars et mercredi devant le tribunal correctionnel de Foix pour avoir abattu une ourse qui venait de l’attaquer, en 2021, lors d’une battue au sanglier dans les Pyrénées. Il est jugé pour «destruction d’espèce protégée», l’ours étant un animal en voie d’extinction dans le massif pyrénéen, malgré un programme de restauration de la population.

L’accident de chasse est survenu en Ariège, un département rural et montagneux, où vivent la majorité des 83 ours des Pyrénées, selon une estimation de 2023. Le 20 novembre 2021, près du Rocher de l’aigle, dans une zone difficile d’accès à 1 300 mètres d’altitude, le tireur a d’abord été surpris d’apercevoir deux oursons, fait rare, avant d’être chargé par leur mère, qui l’a blessé aux jambes et traîné sur plusieurs mètres. Une participante à la chasse, sapeur-pompier de métier, lui a donné les premiers soins et contenu une hémorragie, le temps qu’il soit évacué par hélicoptère, puis hospitalisé.

Quinze autres chasseurs ayant également participé à la battue sont poursuivis pour diverses infractions, notamment la chasse dans une zone interdite, la réserve naturelle du Mont-Valier, sur les hauteurs du village de Seix. L’auteur du tir mortel «était en état de légitime défense, il a tiré, […] il a sauvé sa peau», estime Jean-Luc Fernandez, président de la fédération de chasse de l’Ariège.

Une vingtaine d’associations se sont portées partie civile, dont Pays de l’ours, Ferus, France nature environnement, l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS), One Voice. Dans leur camp, la notion de légitime défense avancée par les chasseurs, passe mal. «Dans quelle mesure peut-on faire valoir l’état de nécessité, alors qu’on a commis une série d’infractions qui ont conduit à la mort de l’ourse Caramelles», interroge Alain Reynes, de l’association Pays de l’ours, pionnière dans la défense du pachyderme dans les Pyrénées.

«Par ce procès c’est la présence de l’homme dans nos territoires de montagne qui est en question», ironise le président de la chambre d’agriculture d’Ariège, Philippe Lacube. «Nous tenons à exprimer la solidarité de la profession agricole aux chasseurs et tout particulièrement au chasseur qui a déjà été marqué dans sa chair par la sauvagerie de l’ours qui l’a attaqué, et qui doit subir aujourd’hui la pression psychologique de ce procès», a ajouté cette figure emblématique du mouvement anti-ours.

Alors que les chasseurs invoquent qu’ils chassaient à cet endroit depuis des années, Julie Rover, avocate de 12 associations parties civiles, leur rétorque que l’usage ne fait pas loi. Le fait que la chasse était fréquente dans cette zone «n’enlève rien à la caractérisation du délit». Plusieurs pièces du dossier «démontrent une connaissance des limites de la réserve, avec des marquages sur les arbres», souligne l’avocate. «Les parties civiles […] ne sont pas opposées à la chasse, mais pour qu’elle ne nuise pas à l’environnement, il faut faire respecter ses règles. Les ours sont menacés d’extinction, la disparition d’une femelle reproductrice, c’est grave et préjudiciable» pour la survie de l’espèce, ajoute-t-elle.

Pour l’association écologiste One Voice, «ces hommes ne devaient pas aller sur le territoire de Caramelles». «Cela fait des mois que ces chasseurs-braconniers se concertent pour cacher leurs délits. Nous demandons le retrait de leur permis ainsi que la confiscation de leurs armes» a ajouté l’organisation.

A l’issue des deux jours d’audience, la décision du tribunal correctionnel de Foix devrait être mise en délibéré à une date ultérieure.

Libération

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