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A la vue de la mention «grand cru» sur une bouteille, on s’imagine immédiatement un vin équilibré, aux arômes à la fois délicats et puissants. Et pourtant, si vous en conservez un pour une très grande occasion dans votre cave, vérifiez peut-être l’étiquette : un réseau de contrefaçon de grands crus français, tout juste démantelé, aurait réussi à amasser plus de 2 millions d’euros sur le marché français et italien, a annoncé ce mardi 15 octobre le parquet de Dijon.
L’ingénieuse fraude consistait à imprimer de fausses étiquettes dotées d’une annotation «grand cru» pour les accoler sur des bouteilles vierges. En un clin d’œil, les bouteilles devenaient aux yeux de tous des vins de grande valeur, parfois «estimées à 15 000 euros sur le marché international», a précisé le procureur de la République à Dijon, Olivier Caracotch. Les autorités sont remontées jusqu’aux arnaqueurs, grâce à l’imprimeur de ces fausses étiquettes. Chargé de fournir au réseau le certificat «grand cru», l’homme a collaboré avec la police conduisant à l’interpellation des potentiels accusés au moment de la transaction avec ledit imprimeur à l’aéroport milanais de Malpensa.
Un Russe et un Français soupçonnés
Un premier responsable présumé, français, a été mis en examen à Dijon. Le cerveau présumé de l’affaire, un ressortissant russe, «devrait être présenté prochainement en vue de son éventuelle mise en examen», a ajouté Olivier Caracotch. Ce quarantenaire russe soupçonné d’avoir «permis la structuration d’une organisation transnationale de contrefaçon de vins de grande valeur» est déjà connu des services de police de la région Bourgogne-Franche-Comté pour des faits similaires, mais sous une autre identité, celle d’Aleksandr Iugov.
Arrêté en 2013 pour la vente de 400 fausses bouteilles de Romanée-Conti, il avait été condamné en 2017 à quatre ans de prison, dont deux ans ferme, assortis de 50 000 euros d’amende et 550 000 de dommages et intérêt. Cette fois, les deux hommes mis en cause sont susceptibles d’être poursuivis pour «association de malfaiteurs», «contrefaçon», «escroquerie en bande organisée», «travail dissimulé» et «blanchiment du produit de ces infractions».
Le démantèlement du réseau a été rendu possible grâce à une «opération judiciaire d’ampleur», a déclaré le parquet de Dijon. La collaboration de la police française avec l’Italie, notamment avec la brigade contrefaçon et santé (les Carabinieri du Nucleo Antisofisticazioni e Sanità) de Turin et de Milan, a permis l’exécution, le 26 septembre dernier, de six mandats d’arrêt européens, et le lancement de 14 perquisitions dans les provinces de Turin et Milan.
En parallèle, avec l’appui technique de l’agence européenne Europol, des perquisitions ont été menées en région parisienne par les enquêteurs de la Section de recherches de la gendarmerie de Dijon et de la région de gendarmerie d’Ile-de-France. Selon le procureur, toutes ces opérations ont permis la saisie de biens d’une valeur totale estimée à environ 2 millions d’euros. Cette somme correspond au «produit infractionnel» tiré de ce trafic, c’est-à-dire à l’argent récolté via un droit de propriété illégitime.
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