OM – PSG : « Le parcage est un outil de sécurité »… Pourquoi les fermetures répétées des espaces visiteurs sont dangereuses ?

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On est devenus tellement habitués, que cela ne nous surprend même plus. Pourtant, depuis une petite quinzaine d’années, les ultras du Paris Saint-Germain sont interdits de se rendre au Vélodrome pour assister au Classique. Et ça sera encore le cas ce dimanche soir. Invoquant « l’animosité entre les supporters depuis de très nombreuses années », le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a jugé qu’il existait « un risque réel et sérieux d’affrontement ». Parcage fermé, places remises en vente par l’OM pour ses supporters. Refrain classique.

Sauf miracle de type Bernadette Soubirous à Lourdes, les mêmes paroles seront reprises pour le match retour au Parc des Princes. Et les supporters phocéens qui voudront à tout prix assister à la rencontre seront obligés de se dissimuler dans les tribunes grand public. Au risque de devoir pleurer en silence si leur équipe préférée prend l’eau. Ou d’avoir les nerfs assez solides pour contrôler leur joie en cas de victoire. Ce qui a été assez compliqué à la Mosson, lors de la balade phocéenne face à Montpellier (0-5).

Les explosions de joie successives des nombreux Marseillais présents dans tous les gradins du stade héraultais ont ulcéré les locaux, qui ont voulu en découdre dans les tribunes et même hors du stade. « Vers la 30e minute, il y a eu beaucoup de mouvement sur les tribunes latérales à côté du kop pailladin, et c’est à cet endroit que les bagarres ont éclaté, nous raconte Mathias*, supporter de l’OM présent à La Mosson. Pour avoir été dans la tribune Minervois [à l’opposé du kop], qui était composée à 80 % de supporters marseillais, ça dissuade forcément ceux qui veulent en découdre. Mais, à la sortie du stade, j’ai vu des mères de famille avec leurs enfants apeurées. »

« Le parcage visiteur, un outil de sécurité »

A Montpellier, le parcage n’avait pas été fermé, seulement limité à 450 places. Mais, entre limitations et fermetures, ces restrictions poussent davantage de supporters visiteurs à prendre des places grand public. « Le premier problème, c’est que les autorités n’ont pas compris que le parcage visiteur, c’est un outil de sécurité, estime Pierre Barthélemy, avocat de l’Association nationale des supporters. On a l’impression qu’ils pensent que le parcage est une autorisation de déplacement. Et donc, ils se disent que quand ils vont limiter le parcage ou le fermer, il n’y aura pas de déplacement. Sauf qu’en fait, c’est juste une incitation à aller dans les autres tribunes. »

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Sachant que le texte de loi n’interdit pas de se déplacer, juste de se comporter comme un supporter visiteur, on se retrouve, comme à Montpellier ou Lyon récemment, avec des supporters visiteurs (marseillais en l’occurrence) dans des tribunes « normales » sans signe distinctif. Et cela complique la tâche du club hôte, qui se retrouve à avoir des supporters de deux équipes mélangés (ce qui, en soi, ne devrait pas poser de problèmes, mais le football exacerbe les tensions, que voulez-vous), comme nous l’explique Yves Alborghetti, directeur sûreté et sécurité de l’OGC Nice :

« Lors des interdictions de déplacement, le positionnement de leur propre chef d’éventuels supporters adverses qui auraient bravé cette interdiction et dont le comportement en tribune grand public pourrait générer de la tension ne facilite pas la tâche de la sécurité privée dans le stade. Nous tentons de les identifier dès leur arrivée au stade (palpations de sécurité). Les systèmes de surveillance vidéo et humains (agents de sécurité) nous permettent aussi une fois dans le stade de les identifier et les localiser. Selon leur comportement et leur positionnement, nous pouvons être amenés à les faire basculer en secteur visiteurs (si autorisation de déplacement) ou à les raccompagner en dehors de l’enceinte afin d’éviter tout trouble à l’ordre public (arrêté d’interdiction de déplacement). »

« Pas de solution miracle »

Le parcage étant la solution la plus sécuritaire, comment faire pour limiter les interdictions de déplacements, qui se multiplient (5 arrêtés ministériels et 41 arrêtés préfectoraux en 2022-2023, prévision de plus de 50 arrêtés ministériels et 275 arrêtés préfectoraux pour cette saison, selon Pierre Barthélemy) ? « Les déplacements des supporters visiteurs doivent faire l’objet de règles à respecter, d’une préparation collégiale et d’attentions de tous, reprend Yves Alborghetti. Aussi bien en dehors du stade (voie publique) que dans le stade. Le transfert entre ces deux lieux reste un facteur crucial. Les infrastructures de certains stades ne le permettent pas toujours de le faire dans les meilleures conditions. »

En parlant infrastructures, les supporters de Saint-Etienne se sont appuyés sur la modernité du stade lyonnais pour demander que leur déplacement dans le Rhône soit autorisé, chose qui n’est plus le cas depuis onze ans. « Le Parc OL, stade à la pointe de la modernité, est l’une des enceintes les plus sécurisées d’Europe, explique un communiqué commun des supporters. La tribune visiteurs se situe au dernier anneau du stade et n’offre aucune proximité avec les supporters locaux. Parce qu’au vu de la distance entre les deux villes, il y aura nécessairement des Stéphanois dispersés dans l’enceinte du stade. Se priver du parcage, c’est se priver de son meilleur outil de sécurité. »

« Les préfets ont une occasion en or, rebondit Pierre Barthélemy. Ils peuvent dire “Ok, je vous prends au jeu, vous avez fait cette demande, vous vous exposez, vous prenez vos responsabilités, moi je tente. Si ça se passe mal, il faudra assumer. Si ça se passe bien, on répétera le mécanisme les années suivantes.” Mais je n’ai pas l’impression que soit la tendance des préfets. »

Contrôle des adresses mails, ventes réservées…

Sachant qu’il y aura quelques supporters qui chercheront quand même à rejoindre les tribunes grand public, des clubs ont mis en place certains mécanismes pour tenter de contrôler « l’invasion ». Pour le derby face à Saint-Etienne, il y a quelques années, l’OL avait analysé l’adresse mail des acheteurs et, si elles comportaient des connotations faisant référence à l’AS Saint-Étienne ou au département de la Loire, annulait la vente. Un peu plus légale, la vente réservée aux abonnés, qui peuvent acheter plus de billets, est pas mal mise en place.

Certains clubs proposent aussi « des packs matchs, en disant si vous voulez voir Marseille, il faut aussi acheter Le Havre, Angers et Strasbourg, ce qui peut dissuader un peu, indique Pierre Barthélemy. Et l’autre pratique qu’on voit beaucoup et qui me semble plutôt équilibrée, c’est de dire que la vente est prioritairement réservée aux personnes qui ont acheté au moins deux billets sur la billetterie du club dans les douze derniers mois. » Le moyen le plus simple pour que tout se passe bien en tribune reste quand même le respect des uns et des autres. Oui, on sait, c’est le monde des Bisounours, mais quand même. Un petit effort et tout se passera bien.

20 Minutes

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