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Poubelle la vie
Spécialisée dans la vente d’ingrédients auparavant gaspillés dans les usines, l’entreprise française, fondée en 2016, entend accélérer sa croissance et changer les idées reçues sur la réutilisation de produits considérés comme inutiles.
Des épices, des arômes naturels ou encore de la farine d’arachides déshuilée, «riche en protéine et en fibre pour un Nutriscore au top»… Tous ces ingrédients, proposés par l’entreprise Hubcycle à l’industrie agroalimentaire, ont été obtenus à partir de déchets produits par cette même industrie, aussi bien des grands groupes que des PME. Ce modèle d’économie circulaire a convaincu les investisseurs de la start-up française créée en 2016 de remettre au pot : ce lundi 28 octobre, Hubcycle annonce avoir levé 15 millions d’euros pour poursuivre son développement. La somme peut paraître modique comparées à celles investies dans les licornes françaises (460 millions d’euros ont par exemple été levés début octobre par Poolside, société spécialisée dans l’IA générative, rapportent les Echos), mais pour l’entreprise d’une quinzaine de salariés, cet investissement devrait permettre d’accélérer significativement sa croissance.
Cette nouvelle levée de fonds, la troisième, est soutenue par trois nouveaux investisseurs (Environmental Technologies Fund, Raise et Techmin) en plus des quatre investisseurs historiques, (Daphni, Citizen, Swen et Bleu Capital). «On est en train de créer un standard dont on est persuadé qu’il aura la même ampleur que le celui du bio à l’avenir», s’enthousiasme Stanislas Lot, de Daphni. Un des objectif pour Hubcycle est d’accélérer notamment son développement à l’international. Au premier semestre 2024, 60 % des contrats de la start-up ont été signés à l’étranger.
9,4 millions de tonnes de déchets alimentaires en 2022
D’ici trois ans, l’entreprise prévoit le recrutement de 100 à 135 personnes sur l’ensemble des opérations comme la logistique, la recherche et le développement, et la qualité (la transformation est assurée par des prestataires). L’objectif est aussi de renforcer l’identification des sources de gaspillage (par exemple, les pellicules de fèves de cacao qui tombent pendant la torréfaction). Et de trouver ainsi 4 000 nouveaux «gisements», en particulier à l’international (contre 1 250 actuellement), pour élargir sa gamme avec 400 nouveaux ingrédients. «Ce qui est super intéressant et excitant, c’est de se demander qui a une bonne raison de jeter tel ou tel produit. C’est normal que ces “coproduits” existent, ce qui n’est pas normal c’est de ne pas les réutiliser», estime Julien Lesage, le fondateur et PDG d’Hubcycle. D’après les derniers chiffres à disposition, 9,4 millions de tonnes de déchets alimentaires ont été produites en France en 2022 sur l’ensemble de la chaîne alimentaire, dont 25 % pour les industries agroalimentaires soit 2,35 millions de tonnes (loin derrière, les ménages engendrent 42 % des déchets alimentaires totaux).
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Dans l’esprit des potentiels clients, «le gaspillage c’est la poubelle, on doit prouver que c’est tout sauf ça», explique Julien Lesage. D’où l’importance d’offrir des garanties de qualité des ingrédients vendus. La valorisation des «coproduits» et «sous-produits» n’est pas une pratique nouvelle, rappelle Thomas Paschal, associé et directeur de la division industrie d’Alcimed, société de conseil en innovation. Mais les ingrédients retournent rarement dans la chaîne de production alimentaire humaine, comme le propose Hubcycle. «Le gros des valorisations est simple, pour un épandage agricole, de l’alimentation animale, ou une valorisation énergétique, explique Thomas Paschal. C’est un niveau de valorisation faible, mais cela permet d’éviter le gâchis.» Si Hubcycle s’inscrit dans un marché de niche, l’ambition est de réussir, en changeant d’échelle, à devenir «le plus grand levier de réduction des émissions de CO2 pour [ses] clients», revendique la société, qui indique avoir permis d’économiser 4 000 tonnes de CO2 en 2023. Et entend passer à 10 000 tonnes par an.
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