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Proposition
Plusieurs membres de la coalition présidentielle et du gouvernement soulèvent l’hypothèse de créer une deuxième journée de solidarité pour financer les Ehpad. Oppositions et syndicats y sont défavorables.
Travaillerons-nous un jour de plus pour venir en aide aux Ehpad ? L’idée, mise sur la table via un rapport sénatorial publié le 25 septembre, a été à nouveau évoquée par le ministre de l’Economie Antoine Armand dimanche 27 octobre. Parmi la vingtaine de préconisations destinées à venir en aide aux établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, l’une d’entre elles propose de créer une deuxième journée de solidarité.
La première avait été instaurée en 2004 par le gouvernement Raffarin. Le principe est simple : l’employé travaille lors d’un jour férié, précédemment chômé, pendant sept heures. Il n’est pas rémunéré et l’employeur, quant à lui, verse une contribution à la sécurité sociale. Initialement fixée lors du lundi de Pentecôte, elle peut depuis 2008 être travaillée lors de n’importe quel jour non travaillé, comme un samedi, un autre jour férié, ou être étalée sur plusieurs jours. Il est également possible de sacrifier un jour de RTT.
Selon les auteurs du rapport, mettre en place un deuxième jour de travail pro bono pourrait rapporter 2,4 milliards d’euros à la Sécu ainsi qu’aux Ehpad, en grandes difficultés financières et mis à mal par les révélations du livre de Victor Castanet, Les fossoyeurs. Une somme qui s’élèverait à «3,3 milliards d’euros en augmentant symétriquement la contribution des retraités», écrivent-ils. Une mesure défendue par la sénatrice UDI et rapporteuse générale du budget de la Sécurité sociale du Sénat, Élisabeth Doineau. «A titre personnel, j’aurais été beaucoup plus favorable à une journée de solidarité en plus», a-t-elle déclaré sur la chaîne Public Sénat, alors qu’elle était interrogée sur le gel des pensions des retraités.
«Ce serait une nouvelle perte de pouvoir d’achat»
Une idée également défendue par Gérald Darmanin et à présent par le nouveau ministre de l’Economie, Antoine Armand, qui a affirmé sur LCI le dimanche 27 octobre que «c’est une proposition intéressante que nous étudions. On a besoin de travailler plus. Cette proposition a le mérite de créer de la richesse». Ce lundi matin, le président Horizons de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée, Frédéric Valletoux, en a remis une couche sur TF1. «Pourquoi pas […] C’est pas juste pour aller chercher de l’argent, c’est pour financer une solidarité», assure-t-il. Dans un entretien accordé aux Echos, le patron du Medef Patrick Martin s’était également montré favorable, assurant qu’«il ne faut rien s’interdire».
L’hypothèse d’une telle mesure a toutefois provoqué la colère de certaines personnalités politiques de gauche. Le sénateur PCF Ian Brossat estime qu’«avec eux (le gouvernement)», la «solidarité» n’est en réalité que «celle des travailleurs au profit de ceux qui s’enrichissent en dormant», écrit-il sur X. Denis Gravouil, responsable du dossier «emploi et chômage» à la CGT, considère que «ce serait une nouvelle perte de pouvoir d’achat qui n’est pas négligeable du tout. Ce serait encore faire payer aux salariés, le fait de travailler gratuitement, y compris les plus pauvres», a-t-il déclaré au micro de RMC. Du côté de l’extrême droite aussi, l’idée ne fait pas l’unanimité. «Hausse du délai de carence chez les fonctionnaires oui, nouvelle journée de solidarité non», a lancé le vice-président du RN, Sébastien Chenu, sur RTL ce lundi matin.
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Un débat qui reste ouvert et qui risque d’être explosif. A l’Assemblée, les députés n’ont pas encore étudié cette piste lors des débats sur le budget de la Sécurité sociale en commission. Selon les Echos, le gouvernement réfléchit plutôt à l’introduire au Sénat lors des discussions sur la Sécu. L’exécutif bénéficie à présent d’une majorité au palais du Luxembourg grâce à son alliance avec les Républicains.
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