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Business is business
La visite d’Etat du Président a démarré ce lundi 28 octobre avec une première journée de signatures de contrats et d’accords d’investissement, dont le montant global atteindra «jusqu’à dix milliards d’euros», annonce l’Elysée.
Des drapeaux tricolores hissés dans les rues de la capitale, de longues poignées de mains sur le tarmac, une fanfare royale… Le président Emmanuel Macron a été accueilli en grande pompe lors de sa première journée de visite d’Etat au Maroc, placée sous le signe de la réconciliation. Le roi Mohammed VI, amaigri et appuyé sur une canne, a reçu son hôte et son épouse, Brigitte Macron, dès son arrivée à l’aéroport de Rabat-Salé, accompagné du prince héritier Moulay Hassan. Ils ont ensuite rejoint le palais royal, saluant la foule depuis le toit ouvrant d’une voiture de luxe.
Après une cérémonie d’accueil solennelle puis un entretien en tête-à-tête d’une heure, Mohammed VI et Emmanuel Macron ont signé de nombreux contrats et accords d’investissement, dont le montant global atteindra «jusqu’à dix milliards d’euros», a annoncé la présidence française. Dans un contexte où le royaume envisage de développer ses infrastructures pour accueillir la Coupe du monde de foot 2030, les géants français Alstom et Egis participeront notamment à la réalisation du deuxième tronçon de la ligne de TGV Tanger-Marrakech. Alstom a également remporté un appel d’offres portant sur la fourniture de trains dans le cadre de l’extension de la ligne Kenitra-Marrakech, tandis qu’un mémorandum d’entente a été signé entre la société de transport maritime CMA-CGM et Tanger Med sur la concession du futur port de Nador West Med, dans le nord du royaume. D’autres accords seront signés ce mardi 29 octobre.
Une imposante délégation économique
C’est un carton plein pour les entreprises françaises, qui attendaient beaucoup de cette visite, maintes fois reportée en raison de la brouille diplomatique entre Rabat et Paris. Parmi l’imposante délégation (plus de 120 personnes) qui accompagne le chef de l’Etat français à Rabat jusqu’au 30 octobre, pas moins de 40 représentent le monde économique et industriel. Les groupes TotalEnergies, Alstom, Veolia, Engie, Suez, ou encore LVMH font notamment partie du voyage. Le Mouvement des entreprises de France (Medef) est également représenté par une cinquantaine de chefs d’entreprise, issus de tous les secteurs.
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Tous espéraient que la reconnaissance par la France, fin juillet, de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental serait récompensé par des grands contrats. C’est désormais chose faite. «Il s’agit d’une étape importante qui pourrait ouvrir de nouvelles perspectives de coopération, se réjouit un grand acteur économique français. Nous devons être prêts à saisir ces opportunités pour promouvoir une croissance durable.» Lors de cette première journée, le monarque de 61 ans a également accepté une invitation du président français pour effectuer une visite d’Etat en France, dont la date n’a pas encore été communiquée.
Plus de 14 milliards d’euros d’échanges commerciaux
La signature de ces contrats est l’illustration de «relations bilatérales excellentes», en particulier sur le volet économique, indique-t-on à l’Elysée. Les échanges commerciaux ont doublé en dix ans entre les deux pays (ils ont atteint 14,1 milliards d’euros en 2023, un record historique), faisant de la France le deuxième partenaire commercial du royaume, juste derrière l’Espagne. Paris conserve par ailleurs son rang de premier investisseur étranger et de premier pourvoyeur de recettes touristiques dans le royaume. Près d’un millier d’entreprises françaises sont également installées au Maroc, dont les géants de l’industrie automobile Renault et Stellantis.
Le revirement français sur l’épineux dossier du Sahara occidental (la France considère le plan d’autonomie proposé par le Maroc comme «la seule base» pour aboutir à une solution politique «juste, durable et négociée») vise désormais à passer à la vitesse supérieure. D’autant que le royaume accueille deux événements majeurs ces prochaines années, avec son lot de marchés à conquérir : la Coupe d’Afrique des nations en 2025 et la Coupe du monde de football en 2030, aux côtés de l’Espagne et du Portugal. «L’héritage des Jeux olympiques sera pour nous un élément d’expertise et d’expérience sur laquelle pouvoir s’appuyer pour travailler avec nos amis marocains», précise-t-on à Paris.
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Hub entre l’Afrique et l’Europe
Dès le lendemain de l’annonce du changement de posture de Paris sur le Sahara occidental, tant attendue par Rabat, l’ingénieriste français Egis se voyait attribuer un contrat d’un montant de 130 millions d’euros, prévoyant l’extension de la ligne de train à grande vitesse entre Kenitra et Marrakech.
Quelques mois plus tôt, la France s’était déjà dite prête à investir au Sahara occidental en autorisant l’Agence française de développement (AFD), à travers sa filiale Proparco, à financer des projets dans ce territoire riche en ressources naturelles. Une manière implicite de donner son feu vert aux groupes désireux de s’y implanter. A l’instar d’Engie, qui a remporté un ambitieux projet d’usine de dessalement couplée à un champ éolien près de Dakhla, ou de Cegelec, filiale de Vinci, qui a obtenu celui de l’extension de la centrale électrique de Laâyoune.
Alors que la France a perdu pied au Sahel au cours des dernières années, Paris entend également poursuivre la coopération économique avec ses anciens alliés africains à travers le Maroc. Le royaume a en effet vocation à constituer un hub de la connexion entre l’Afrique et l’Europe, notamment avec la construction du futur port Dakhla Atlantique et l’avancée significative du projet de gazoduc avec le Nigeria. «La France perd de la vitesse dans certains pays africains, comme au Niger, au Mali, au Burkina Faso. Les entreprises françaises pourraient s’étendre en Afrique à travers le Maroc, explique Jean-Charles Damblin, directeur général de la Chambre française de commerce et d’industrie du Maroc. Ce dernier pourrait devenir le distributeur de l’export français vers le reste du continent.»
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