L’UE adopte jusqu’à 35 % de surtaxes sur les voitures électriques importées de Chine, malgré l’opposition de l’Allemagne

L’UE adopte jusqu’à 35 % de surtaxes sur les voitures électriques importées de Chine, malgré l’opposition de l’Allemagne

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Escarmouche commerciale

Pour lutter contre des pratiques commerciales chinoises sur le marché des voitures électriques que Bruxelles juge déloyales, l’Union européenne pourra surtaxer jusqu’à 35 % ces véhicules. La Commission laisse cependant une porte ouverte pour supprimer cette mesure en cas d’accord avec Pékin

L’UE passe des paroles aux actes. La Commission européenne a adopté ce mardi 29 octobre le règlement instituant des droits de douane supplémentaires sur les voitures électriques importées de Chine, qui sont accusées de créer une concurrence déloyale. Bruxelles a décidé d’ajouter aux 10 % de droits de douane déjà en place une surtaxe allant jusqu’à 35 % sur les véhicules à batterie de fabrication chinoise malgré l’hostilité de l’Allemagne qui ne veut «pas déclencher de guerre commerciale». Berlin souhaite défendre ses fleurons de l’industrie automobile en pleine crise, alors que Volkswagen, par exemple, prévoit des dizaines de milliers de suppressions d’emplois et la fermeture de trois usines en Allemagne.

L’objectif affiché pour l’UE est de rétablir des conditions de concurrence équitables avec des constructeurs chinois accusés de profiter de subventions publiques massives. Il s’agit de défendre la filière automobile européenne et ses quelque 14 millions d’emplois contre des pratiques jugées déloyales identifiées au cours d’une longue enquête de la Commission. La décision doit être publiée ce mercredi au Journal officiel de l’UE et entrer en vigueur dès jeudi. Pékin avait dénoncé des «pratiques protectionnistes injustes et déraisonnables» après le feu vert donné début octobre par les Etats membres de l’UE au projet de surtaxes.

Jusqu’au dernier moment, le commissaire européen au Commerce, Valdis Dombrovskis, a poursuivi le dialogue avec le ministre chinois du Commerce, Wang Wentao, pour tenter de trouver une solution négociée. En vain. Malgré tout, les deux parties sont convenues de continuer les consultations. A tout moment, les surtaxes pourraient être supprimées si un accord était trouvé sur d’autres moyens pour compenser le préjudice identifié par l’enquête européenne.

L’industrie automobile allemande inquiète

La Chine menace, en représailles, de frapper les intérêts européens. Elle a déjà répliqué en lançant des enquêtes antidumping visant le porc, les produits laitiers et les eaux-de-vie à base de vin importés d’Europe, dont le cognac français. L’Allemagne et quatre autres pays (Hongrie, Slovaquie, Slovénie, Malte) avaient voté contre le projet de taxes de la Commission, tout en échouant largement à rassembler la majorité nécessaire pour le rejeter. Les géants automobiles allemands fortement implantés en Chine, le premier marché mondial dans ce secteur depuis 2009, redoutent d’en faire les frais. Volkswagen, le premier constructeur européen, avait dénoncé début octobre «une mauvaise approche» de l’UE. Son compatriote BMW avait même évoqué «un signal fatal» pour l’industrie automobile européenne.

Les droits de douane avaient cependant reçu le soutien de dix Etats membres dont la France, l’Italie et la Pologne. Après l’annonce de la surtaxe par la Commission européenne, le ministre français de l’Economie Antoine Armand a salué «une décision cruciale pour la protection et la défense de nos intérêts commerciaux, à l’heure où notre industrie automobile a plus que jamais besoin de notre soutien.» Douze autres s’étaient abstenus, dont l’Espagne et la Suède. Mais, en France aussi, la démarche de l’UE inquiète les milieux économiques. L’interprofession du Cognac (BNIC) s’est plainte d’être «abandonnée» par les autorités, estimant que sa filière était «sacrifiée» dans un conflit commercial qui pourtant ne la concerne pas.

Cette passe d’armes sino-européenne s’inscrit dans un contexte plus large de tensions commerciales entre les Occidentaux, Washington en tête, et la Chine qui est accusée de pratiques anticoncurrentielles dans plusieurs autres secteurs comme les éoliennes ou les panneaux solaires. Les mesures européennes, qui se veulent fondées sur des faits et respectueuses des règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), sont beaucoup plus mesurées que la démarche punitive et plus politique des Américains. Les Etats-Unis taxent depuis septembre dernier les voitures électriques chinoises à 100 %. contre 25 % précédemment.

Libération

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