«A l’auberge, j’ai retrouvé le sourire» – Libération

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Panorama des tiers-lieuxdossier

Des associations se sont réunies dans la ville méditerranéenne pour ouvrir, dans une ancienne auberge de jeunesse, un lieu de répit pour les femmes et les enfants sans logement.

A l’occasion des rencontres nationales des tiers-lieux à Toulouse, retour sur ces endroits où se construisent des projets collectifs favorisant l’économie circulaire, l’insertion, l’alimentation durable…

Des cris joyeux l’accueillent à son retour de l’école. Une ribambelle d’enfants sont déjà là, à courir et jouer dans le grand hall d’entrée, et pour l’équipe de l’Auberge marseillaise, c’est une «deuxième journée» qui commence. «Il y a le goûter, les devoirs, puis le dîner à 19 heures et on ne veut plus personne en bas à 21 heures… On essaie de s’approcher d’une vie normale, de travailler une routine», confie Mireille Dubois, coordinatrice sociale de ce centre d’hébergement d’urgence dédié aux femmes en situation de grande vulnérabilité, avec ou sans enfants. Le tiers-lieu a ouvert en mars 2021, en pleine crise sanitaire, dans les locaux d’une ancienne auberge de jeunesse des quartiers Sud, mise à disposition gratuitement par la ville de Marseille.

«Le projet s’est construit avec neuf associations (1), qui coopèrent et mettent en commun des moyens au quotidien, c’est notre particularité et notre grande force», explique Baptiste Vergnet, l’un des dix-sept salariés à la manœuvre pour faire vivre ce lieu atypique. Les résidentes peuvent y être nourries, logées et soignées sans limitation de durée. «Quand les femmes arrivent, on leur remet les clés de leur chambre, puis tout un travail social se met en place, qui n’est pas forcément localisé à l’auberge.» Beaucoup ont derrière elles des parcours migratoires éprouvants, certaines «payent encore leurs dettes» aux réseaux de prostitution. Elles restent à l’auberge dix-huit mois en moyenne, «c’est le temps qu’il faut pour se poser, se reconstruire».

«Je veux avoir mon appartement, libérer une place pour les autres personnes dehors, si tout va bien, dans deux mois je vais pouvoir aller travailler», dit Zinab, qui se remet encore d’une lourde opération à la tête. «J’ai passé toute ma grossesse à l’auberge, elle était à risques. Ils ont beaucoup fait pour moi. Ici, on est tranquille, on est libre», confie-t-elle en préparant une purée pour son fils avec les légumes choisis dans la réserve commune. Elle a déjà scotché un peu partout des affichettes, pour fêter les deux ans qu’il aura fin novembre. Ici, tout se célèbre : les naissances, les anniversaires, les papiers, les arrivées et les départs au sein de l’équipe ou chez les résidentes. Un côté communautaire qui fait partie de l’identité de l’auberge, mais peut aussi peser.

Les enfants désormais aussi nombreux que les adultes

«Si le niveau de tension monte trop, on peut solliciter les associations pour trouver une solution de relogement temporaire, et que la personne réintègre ensuite le collectif, avance Baptiste Vergnet. Cela évite des ruptures de parcours, de perdre le contact, c’est un vrai enjeu pour nous.» Car l’auberge, avec ses 70 chambres individuelles et tous ses espaces communs, «c’est une grosse coloc», avec des règles de fonctionnement communes à trouver, des couacs inévitables autour «du ménage, des enfants», même si l’ouverture d’un centre aéré les mercredis et les vacances scolaires a apaisé les choses – les enfants sont aujourd’hui aussi nombreux que les adultes. Toutes les deux semaines, une «agora des femmes» laisse entendre les maux mais aussi les rêves, les envies : certaines se sont lancées dans un projet de voyage en Espagne.

A la cuisine, qui joue un rôle central, salariés et bénévoles concoctent midi et soir des repas, que les résidentes peuvent venir prendre à heure fixe dans la grande salle à manger. Souvent, elles passent une tête pour s’enquérir du plat du jour. Et participent si elles le veulent. Pour l’heure, un parfum délicieux de brioche embaume l’espace : pour la première fois, l’équipe organise dans le jardin thérapeutique un goûter avec les habitants du quartier. Une partie de foot s’engage entre les enfants de l’auberge et du voisinage. «L’auberge, c’est good», sourit Blessing, 28 ans. Nigériane, elle a passé plusieurs années avec son fils dans un squat à Marseille. «C’était difficile, dangereux. Ici il y a de la sécurité. Tu peux commencer une vie.» Elle suit à présent une formation en BTP et cherche un logement, même si «ça fait un peu peur de partir».

Archange, 12 ans, le fils de Marie-Laure, se démène sur le terrain. Lorsqu’elle descend de la chambre, le goûter dehors est terminé mais la vie à l’intérieur bat son plein autour de jeux, de dons d’habits, d’une marmite qui bout. «A l’auberge, j’ai trouvé une famille. Il y a de la joie, de la paix, de la tranquillité. Avant j’étais triste, j’ai retrouvé le sourire.» Et puis il y a la mer toute proche : «Archange aime bien, il y va avec les encadrants. Il est bien ici

(1) Les neuf associations derrière l’Auberge marseillaise sont Habitat Alternatif Social, JUST, SOS Femmes 13, L’Amicale du Nid, La Ligue de l’Enseignement, Marseille Solutions, Nouvelle Aube, Paysage urbain et Yes We Camp.

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