Dans le Vexin, le tiers-lieu du Moulin veut briser «l’isolement géographique et humain»

Dans le Vexin, le tiers-lieu du Moulin veut briser «l’isolement géographique et humain»

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Créé en 2018 au cœur de la nature dans le Val-d’Oise, le centre à vocation sociale et environnementale accueille des personnes en grande fragilité ou en danger, notamment des femmes victimes de violence, pour leur offrir du répit et un accompagnement vers l’emploi et un logement.

Arriver au Moulin du Pont de Rû à Bray-et-Lû (Val-d’Oise), c’est entrer dans un «havre de paix et de reconstruction». C’est Alan Caillaud, le cofondateur du tiers-lieu situé dans le parc régional du Vexin français, qui l’explique, avec un sourire qui ne le quitte jamais. Cet entrepreneur social a multiplié les créations d’entreprises avant de mettre à profit la propriété familiale dans laquelle il a grandi, pour créer, en 2018, une association à vocation sociale et environnementale. Cet hyperactif a mis toute son âme, aux côtés de sa collègue Nathalie Guillaume, pour proposer un soutien social mais aussi des ateliers ou des événements pour transmettre les valeurs de l’association fondées sur le respect du vivant.

La priorité du Moulin est l’aide aux publics en grande fragilité ou en danger – notamment les femmes migrantes. Les milieux ruraux concentrent un tiers de la population française mais comptabilisent 47 % des féminicides, selon un rapport du Sénat de 2021. C’est face à cette réalité qu’une fois par mois, l’association aux dix-huit salariés organise des séjours «de ressourcement» pour des femmes victimes de violences. Venues de toute l’Ile-de-France grâce aux associations qui les accompagnent, elles viennent travailler sur «leur estime d’elles-mêmes et leur gestion du stress», raconte Alan Caillaud.

«Rédemption»

Un accueil en journée qui vient compléter un premier programme d’accompagnement mené avec la région Île-de-France, «Restart Refugees». De 2019 à 2022, une trentaine de femmes réfugiées ont été logées, suivies et formées, avec pour objectif de trouver un emploi et un logement. L’expérience n’a pas été de tout repos : «Les parcours migratoires laissent des traces», explique le confondateur du Moulin, qui a dû être patient pour gagner la confiance de ces femmes rongées par la peur.

«La ruralité, c’est de l’isolement géographique, mais aussi humain», rappelle Alan Caillaud, qui a grandi dans l’est du Val-d’Oise et a vécu son lot de tracas personnels. Son engagement dans ce tiers-lieu, alors qu’il était lui-même au RSA, relève, selon lui, de la «rédemption». Passé par la rue, il a connu des travers judiciaires après avoir «foutu le bordel» dans sa jeunesse, résume-t-il en souriant. Son besoin de tendre la main aux femmes vient également d’une horrible tragédie personnelle : sa compagne, Maëva Rousseau, a été assassinée en 2012. Se retrouvant seul avec leur fils d’à peine un an, il s’est retiré dans l’Ariège pour se reconstruire auprès de la nature. Aujourd’hui, il affirme jouir d’une «pleine confiance en l’avenir et en la vie». Et cherche à transmettre cet optimisme.

«Leur incertitude me brise le cœur»

Le Moulin, en croissance malgré les coupes budgétaires de l’Etat, évolue. Est ainsi prévu, d’ici à 2030, l’agrandissement du tiers-lieu pour y construire un «centre de rebond». Une vingtaine de femmes en grande fragilité accompagnées de leurs enfants pourront y être logées durant dix-huit mois si nécessaire. Hébergées sur place, elles pourront se concentrer sur leur reconstruction personnelle et professionnelle sans être sans cesse ballottée d’un lieu à l’autre. Comme pour illustrer son propos, on croise deux femmes accrochées à leur téléphone, mises en attente par le 115, pour trouver un lit pour la nuit… «Leur incertitude me brise le cœur», se désole Alan.

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Le Moulin espère aussi créer un centre de formation tourné vers des métiers de la permaculture. «Ici, le socle de tous les projets, c’est la nature», assure Karen Schmitt, responsable du développement. Sur ses quelque quatre hectares, le site exploite un jardin pédagogique qui permet aux bénéficiaires, mais également aux divers publics du tiers-lieu, de profiter du «vivre ensemble au cœur de notre ADN», résume-t-elle.

A fin d’année, le Moulin accueillera des ruches pour multiplier les pollinisateurs et faire du miel destiné à la vente, l’état des finances de l’association étant un sujet permanent. La vie associative «c’est aussi du lobbying», rappelle Alan, qui s’est forgé «un talent oratoire» pour réclamer le soutien des financeurs publics. S’il n’a aucun mal à «serrer des mains dans les cabinets ministériels» à Paris, il a besoin, au bout du compte, de vivre «les pieds dans la terre».

Libération

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