Jake Hinkson : le détective miteux, l’assassin malchanceux et le tueur en série

Jake Hinkson : le détective miteux, l’assassin malchanceux et le tueur en série

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L’auteur américain signe un polar bourré d’humour où l’on retrouve sa critique de l’hypocrisie religieuse et son goût des grands classiques du polar

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Il y a beaucoup de morts dans le nouveau roman signé par l’américain Jake Hinkson. Des gens pas très sympathiques, des médiocres, voire des ordures en majesté. Jusqu’à présent, l’auteur, élevé dans la religion par un père prêcheur baptiste, aimait raconter le quotidien de prédicateurs fanatiques en Arkansas, ou le courage des filles claquant la porte à l’hypocrisie familiale. Son nouveau polar, plus urbain, jongle avec les codes du roman et du film noir, réunissant un détective privé un peu miteux, un assassin malchanceux, un vrai tueur en série qui croit pouvoir tout planifier et des femmes bien moins victimes qu’on ne le croit. Ça bouge dans tous les coins et Jake Hinkson se révèle être un architecte hors pair, trompant le lecteur avec le sourire, faisant croire que la vie n’est qu’une succession de hasards.

Prenez le début du roman. Alice, une femme mariée qui s’ennuie un peu entre son époux et son fils, se dispute avec son amant, quitte son appartement en claquant la porte. Elle se retrouve cinq minutes plus tard agressée par un inconnu sorti de l’ombre pour se jeter sur elle un couteau à la main. Stop, pas question d’en dire davantage car rien ne va se passer comme prévu. Le rythme est survolté, l’écriture nerveuse et joyeuse, les dialogues brillants. On s’amuse en permanence tout en se demandant comment l’auteur va recoudre tous ces fragments d’histoires car le désordre règne magistralement. A un moment crucial, le détective parle «d’instinct irrationnel tenace» et c’est exactement ce que Jake Hinkson met en pratique dans Ainsi va le monde. Il faut y ajouter un sens de l’humour sans lourdeur et une ironie réjouissante. Biberonné à l’hypocrisie religieuse, Jake Hinkson a une revanche à prendre sur la liberté de penser. Par ailleurs, il a lu Thompson, Goodis et tout l’aréopage du polar américain, bien décidé à le mettre en pratique. Mais à sa sauce, piquante et addictive.

Jake Hinkson, Ainsi va le monde, traduit de l’américain par Sophie Aslanides, Gallmeister, 528 pp, 25,50 €.

Libération

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