Evénements extrêmes : depuis 2004, le changement climatique a contribué à plus de 570 000 décès sur Terre

Evénements extrêmes : depuis 2004, le changement climatique a contribué à plus de 570 000 décès sur Terre

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Selon une étude d’attribution publiée ce jeudi 31 octobre par le consortium de scientifiques World Weather Attribution, la hausse des températures planétaires a intensifié les dix phénomènes météorologiques les plus meurtriers de ces vingt dernières années.

Au moins 576 042 décès en vingt ans : tel est le bilan humain imputable aux «dix événements météorologiques extrêmes les plus meurtriers depuis 2004», selon le travail d’inventaire du World Weather Attribution (WWA), le réseau de scientifiques de renommée internationale qui étudie les effets dévastateurs de la crise climatique. Au moment où l’Espagne, frappée mardi soir par des pluies torrentielles, compte ses morts par dizaines, le collectif de chercheurs révèle dans une étude, ce jeudi 31 octobre, que le changement climatique «causé par la combustion de pétrole, de gaz, de charbon», mais aussi par la «déforestation», a intensifié les catastrophes météorologiques mortifères de ces deux dernières décennies.

Vagues de chaleur, inondations dantesques…

D’après le décompte réalisé par le WWA sur cette période précise, «largement sous-estimé» en raison de l’enregistrement partiel des décès liés aux températures élevées dans de nombreux pays, quatre des dix épisodes les plus dramatiques s’avèrent être des vagues de chaleur – celles qui se sont abattues en Europe durant les étés 2015, 2022 et 2023, accompagnées de l’épisode caniculaire russe de 2010. Figurent également au sein de cette liste trois cyclones tropicaux qui ont frappé la région indo-pacifique, deux inondations dantesques (l’une en Inde en 2013, l’autre en Libye l’an passé), et la sécheresse en Somalie de 2011, évènement le plus meurtrier de ce «top 10» funeste, avec 258 000 morts. Le cyclone Nargis, qui avait déferlé sur la Birmanie en 2008, dépasse lui aussi la barre de la centaine de milliers de morts (138 366 disparitions). S’agissant des trois vagues de chaleur les plus meurtrières ayant sévi sur l’Europe, le bilan est d’environ 95 000 décès. A chaque fois, la France fut touchée, notamment en 2015, où le pays a compté 3 275 morts.

«Au début du siècle, le changement climatique était souvent considéré comme une menace lointaine. Mais aujourd’hui, nous disposons de vingt ans de science d’attribution établissant un lien direct entre le changement climatique et [ces événements]», fait savoir Sjoukje Philip, chercheuse à l’Institut météorologique royal des Pays-Bas et membre du WWA.

«Une question de personnes»

Alors que la planète devrait franchir la limite symbolique des + 1,5 °C de réchauffement «au milieu des années 2030», rappelle le document, et que le Programme des Nations unies pour l’environnement prévoit désormais une hausse de + 3,1 °C à la fin du siècle (par rapport à l’ère préindustrielle), au vu des niveaux d’émissions de gaz à effet de serre actuels (ces derniers ayant atteint des records en 2023), l’équipe du World Weather Attribution insiste sur «l’urgence» de remplacer les combustibles fossiles par les énergies renouvelables. «Il y a de moins en moins de risques météorologiques que l’on peut qualifier de purement “naturels”, alertent les chercheurs. Nos travaux et la littérature scientifique montrent aujourd’hui que pour chaque tonne de charbon, de pétrole et de gaz brûlée, toutes les vagues de chaleur deviennent plus chaudes, et que l’écrasante majorité des fortes précipitations, des sécheresses et des cyclones tropicaux deviennent de plus en plus intenses.»

Rien que ces dernières semaines, la Terre a connu une série d’événements extrêmes. Tempêtes en Europe de l’ouest et en Asie du Sud-Est, déluges en Afrique centrale et dans la bande sahélo-saharienne, ouragans aux Etats-Unis, pluies torrentielles au Népal, en Inde, ou encore en France… A dix jours du début de la COP 29 climat, la 29e Conférence des parties signataires de la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), soit 197 Etats et l’Union européenne, qui se tiendra à Bakou, en Azerbaïdjan, les scientifiques du WWA souhaitent «ouvrir les yeux des dirigeants politiques», selon les mots de Friederike Otto, climatologue à l’Imperial College London et cofondatrice du réseau. «La lutte contre le changement climatique n’est pas une question d’objectifs, de rapports ou de réunions mondiales, c’est une question de personnes», assure-t-elle. Et sa consœur Roop Singh, du centre sur le climat de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, de conclure : «Nous devons réduire les émissions. A chaque fraction de degré de réchauffement, nous assisterons à de nouveaux événements records qui pousseront les pays au bord du gouffre, quel que soit leur degré de préparation».

Libération

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