Les confusions fréquentes entre le loup et le chien
À chaque apparition d’un article sur la présence du loup, la même mécanique se met en place. Les jours suivants, les associations ou les agents de l’État chargés de surveiller les populations animales sont inondés de témoignages plus ou moins fiables, de photos plus ou moins floues ou de vidéos plus ou moins éloignées. Tous ces habitants ont la même conviction : ils ont vu un loup.
Parfois, c’est le cas, comme en Gironde, où la présence du loup a été établie pour la première fois depuis un siècle. Mais dans la très grande majorité des cas, ces observations sont en fait celles de chiens, de chiens-loups ou de husky. Ne blâmons personne pour ces erreurs, car il est souvent difficile de différencier le véritable loup sauvage des chiens qui lui ressemblent fortement et dont ils sont les descendants.
Les loups sont encore rares dans nos contrées, y compris dans des territoires comme les Alpes-Maritimes où leur présence s’est accrue, au grand désarroi des éleveurs. On en comptait un peu plus de 1.000 en 2023. Un chiffre en baisse qui semble confirmer la nécessité de réduire les « tirs autorisés », selon les associations environnementales.
Si jamais vous croisez le chemin d’un spécimen lors de votre balade en forêt, il y a donc fort à parier que ce ne soit pas un « canis lupus » mais juste un « canis familiaris ». Un chien, quoi.
Comment faire la différence ?
Photo à l’appui, les spécialistes sont pourtant formels. « C’est un chien. La couleur est trop claire et il n’a pas le masque labial bien marqué autour de la gueule », explique un agent de l’Office français de la biodiversité.
Cette erreur, nous ne sommes pas les seuls à la commettre, surtout parmi les non-initiés. D’ailleurs, même les spécialistes reconnaissent qu’ils peinent parfois à faire la différence ! « La ressemblance est forte. Parfois, les photos qu’on nous envoie ne sont pas de très bonne qualité donc on ne peut pas statuer », reconnaît Jean-Noël Ballot, de l’association Bretagne Vivante.
Sur leur site, ces passionnés ont listé les « petits trucs » permettant de différencier les deux espèces : les oreilles du loup sont plus courtes, tout comme sa queue et son masque de visage est bien dessiné. Son pelage est bien souvent plus nuancé, plus sombre au niveau du dos.
« C’est un animal qui suscite les passions »
La description a beau être précise, les novices, dont nous faisons partie, continuent d’envoyer leurs témoignages hasardeux. En Bretagne, une dizaine de signalements sont effectués en moyenne chaque semaine. Alors que la région, privée de ce prédateur depuis plus d’un siècle, n’a vu passer que « trois à quatre loups » ces dernières années.
« La présence du loup est très médiatique, donc on a des gens qui pensent en voir partout. C’est normal, c’est un animal très politique, qui suscite les passions, qui alimente l’imaginaire. Avec son retour dans la région, on s’attendait à avoir ce genre de psychose », poursuit Jean-Noël Ballot.
Le naturaliste est pourtant catégorique : « la cohabitation est possible » avec les humains. « Je ne nie pas les difficultés des éleveurs. Il faut les accompagner, leur donner les moyens de protéger leurs animaux. Le loup reste un prédateur. Mais il peut aussi nous aider à réguler certaines populations comme les sangliers ou les cerfs. C’est une solution pour faire le ménage face à des animaux qui n’ont plus de prédateur », affirme le Finistérien.
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