En librairies : Slimane Touhami, Pascale Tournier, Pascal Varejka...

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Le cahier Livres de Libédossier

Des pruneaux et des pommes, un inspecteur des finances sous Vichy, un monde «à repassionner», une capitale «signée» par la pataphysique et un carton trop chargé.

Récits

Slimane Touhami, les Princes de cocagne

Les Nouvelles éditions du réveil Cherche Midi, 120 pp., 12 €. (ebook : 13 €).

Boulahqal invite Slimane pour un café dans son dix mètres carrés où il vit onze mois sur douze, le douzième il retourne dans son village du Rif. Le vieil Ahmed, arrivé en France depuis Tétouan il y a longtemps, se débrouille avec «un peu le RMI. Un peu les pruneaux, les pommes…» Il y a aussi Habib, un taiseux, qui partage une maison avec d’autres Marocains. «Son salaire a nourri la promotion sociale de ses jeunes frères. L’un est devenu médecin, un autre cadre dans une banque. […] Leur nom, autrefois ignoré, est aujourd’hui respecté au bled.» Les Princes de Cocagne du titre sont des «Arabes des champs», «trop souvent absents du récit officiel sur l’immigration nord-africaine», écrit l’auteur dans l’avant-propos. Ces ouvriers agricoles travaillaient dans une exploitation en pays gascon dans les années 1970. Les grands-parents de l’auteur vivaient là «au milieu des pommiers, après avoir quitté leur douar de l’Oriental en 1965» pour suivre leur patron, «un pied-noir oranais qui avait vendu ses parcelles d’orangers» et misait sur la culture intensive de Golden et de Canada. Slimane Touhami, devenu anthropologue, a choisi la voie de la mémoire personnelle pour reconstituer ces portraits, le quotidien de pauvreté, de solitude et de rejet social de ces invisibles. Il parvient à redonner vie à cette époque, à son regard et son vécu d’adolescent. F.Rl