Eloge de l’amitié molle, sans engagement, par Géraldine Mosna-Savoye

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Chronique

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Perçues comme une solution à l’inégalité de nos sociétés patriarcales, les relations amicales semblent aujourd’hui providentielles. Mais l’amitié pure et dure, non merci, on la veut uniquement bâtie sur le plaisir.

Le fait ne vous a sûrement pas échappé : l’amitié est à la mode (1). On se questionne sur l’amitié, on écrit sur l’amitié, on vante l’amitié. Alternative à l’amour, au couple et à la vie de famille, elle se présente comme la solution à nos sociétés hétéronormées et patriarcales : dans l’amitié, pas de père de famille, pas de hiérarchies, pas d’inégalités.

Il faut dire que l’amour est tellement fact-checké qu’on a bien raison de tenter de valoriser un autre type de relations à l’autre, un type de relations qui, enfin, reposerait sur l’égalité, le partage, la reconnaissance, et non pas l’intérêt économique, les stéréotypes, la frustration, pire la violence.

Friends avait bien lancé l’idée, hélas, ils finissaient par tous coucher ensemble… à deux, forcément, et pas qu’une fois, comme si «s’accoupler» était forcément littéral, comme si c’était la seule issue et forme possible à toute relation étroite.

Moi-même, j’en suis : j’ai délaissé l’amitié une fois installée dans une relation durable et, pire encore, une fois devenue mère, sacrifiant, sans états d’âme ni Fomo (2) des verres en terrasse à des soirées canapé devant un baby phone. Sacrifiant des amitiés longues, mais sacrifiant d’autant plus des relations plus lâches, ce qu’on pourrait appeler des «amitiés molles» : ces gens qu’on rencontre à des soirées, ces collègues avec qui on traîne en heures supp, ces potes de potes qu’on ne croise qu’à des anniversaires d’amis communs, ces connaissances quoi, avec qui on partage un

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