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Grands travaux
A peine la cathédrale inaugurée en décembre, un nouveau projet d’ampleur va démarrer : l’aménagement des abords du monument, pour mieux accueillir ses 15 millions de visiteurs annuels, et éviter que le parvis ne se transforme en fournaise l’été.
Cinq ans après l’incendie qui l’a ravagée, Notre-Dame de Paris va rouvrir ses lourdes portes les 7 et 8 décembre. Mais à peine la messe aura été dite qu’un nouveau chantier va démarrer tout autour de la cathédrale. Le parvis, le sous-sol où se trouve la crypte, les deux squares qui la bordent, l’un sur son flanc est, l’autre à la pointe de l’île de la Cité, en surplomb du Mémorial des martyrs de la déportation : les permis d’aménager et de construire dans ce périmètre de 4,7 hectares au cœur de Paris seront déposés sous peu. Les travaux, qui débuteront en début d’année prochaine, sont censés courir jusqu’en 2027 pour la première phase, en 2030 pour la dernière.
A terme, on pourra faire le tour complet de la cathédrale, profiter de ses jardins agrandis, fouler son grand parvis rénové, et la circulation automobile aura été «apaisée», selon le terme qu’affectionne la mairie de Paris : seuls les riverains, les bus et taxis pourront emprunter la rue qui traverse l’île au chevet de l’édifice religieux. «Nous ne faisons que suivre les recommandations de l’Unesco sur les sites historiques, car la circulation est néfaste à la préservation du patrimoine», a fait valoir mardi Anne Hidalgo, lors d’une conférence de presse à l’hôtel de ville. Le succès des JO est passé par là, ou bien c’est l’intérêt que suscite Notre-Dame, icône française à égalité avec la tour Eiffel, popularisée par Victor Hugo puis Disney. Une fois n’est pas coutume pour un sujet d’urbanisme, le salon de réception était archi-comble, et la presse étrangère bien représentée devant le mur de caméras de télévisions.
«Clairière», arbres, espace d’accueil souterrain…
La ville de Paris a lancé cette réflexion en 2021 pour «accompagner la reconstruction de la cathédrale par un projet pour ses abords, afin de mieux la mettre en valeur et d’y intégrer les enjeux liés au réchauffement climatique», a rappelé l’édile socialiste. Le parvis, les squares, mais surtout l’accueil des 14 à 15 millions de visiteurs annuels sur le site : tout cela nécessitait d’être repensé, alors que l’aménagement actuel est hérité de ces années 70 où la voiture était prescriptrice des choix d’urbanisme. Sachant qu’un meilleur accueil est la condition pour vivre une «meilleure expérience spirituelle», et peut-être, qui sait, «faire une rencontre transformante» à l’intérieur de la cathédrale, a fait miroiter le père Guillaume Normand, vice-recteur de la cathédrale.
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Au programme de ces grands travaux à 50 millions d’euros figure, autour d’un parvis aux allures de «clairière», la plantation de 160 arbres. Ainsi donc que la transformation de l’ancien parking souterrain en espace d’accueil pour le public et les groupes, avec librairie, café et toilettes. Et un endroit où se mettre au frais quand le soleil tape en surface.
«Les gens seront émerveillés»
A la tête de l’équipe qui a remporté le concours lancé par la ville en 2022, le paysagiste belge Bas Smets, qui a conçu les espaces publics de ce projet frugal, les architectes Susanne Eliasson et Anthony Jammes, de l’agence Grau, qui s’occuperont du sous-sol, l’agence d’architecture Neufville-Gayet pour le volet patrimoine ainsi que Franck Boutté, lauréat du grand prix de l’urbanisme 2022, pour les aspects bioclimatiques. En cas de fortes chaleurs, une mince lame d’eau ruissellera pour rafraîchir l’esplanade minérale. De quoi faire chuter le mercure de dix degrés, espère l’ingénieur.
Quant aux craintes de pollution au plomb générée par la combustion de la toiture et de la flèche, «la situation est bonne, voire très bonne», a assuré Philippe Jost, qui dirige l’Etablissement public chargé de la conservation et la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Le polytechnicien a promis, «les gens seront émerveillés par l’espace intérieur».
Comme tout projet d’urbanisme parisien qui se respecte, celui-ci a connu son lot de polémiques. Une pétition réunissant 50 000 signataires fut lancée par des défenseurs du patrimoine, choqués par l’idée initiale de supprimer les grilles des squares, au risque que les pelouses soient martyrisées. Bientôt rejoints par des riverains, inquiets que ces lieux ne deviennent mal famés. Après une concertation, le projet a évolué, et une solution intermédiaire a été retenue. Les jardins seront fermés la nuit, et les grilles déplacées de manière à ménager un couloir de promenade le long de la Seine, comme c’était le cas en 1848.
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