En 2016, la “résistance” à Donald Trump s’est mobilisée en moins d’une semaine. Le soir même de l’élection, le 8 novembre, le mot d’ordre #resist a émergé. Trois jours plus tard, des manifestations éclataient dans tout le pays, rassemblant étudiants et lycéens. Les femmes lançaient la manifestation monstre du 21 janvier à Washington, dont l’ampleur a ridiculisé la foule venue assister à l’investiture du 45e président.
L’Amérique démocrate protestait contre le projet d’expulser 11 millions de clandestins. Des “murs de l’empathie” sont apparus à San Francisco, proclamant “Love trumps hate” (L’amour est plus fort que la haine). Les patrons des entreprises technologiques, de Tim Cook (Apple) à Marc Benioff (Salesforce), ont réaffirmé les “valeurs communes” (dont la diversité) dans des messages à leurs employés. Le New Yorker entrevoyait une ère de “désobéissance civile”.
Aujourd’hui, rien de tel. Depuis le 5 novembre, aucune manifestation d’ampleur n’a terni l’exubérance républicaine. La victoire sans appel de Donald Trump a anéanti la base démocrate. La rapidité et la brutalité des nominations annoncées ont anesthésié les militants, même si les associations militantes, comme Indivisible, née de la défaite démocrate de 2016, ont commencé à tenir des conférences téléphoniques avec leurs membres pour réfléchir à l’après.
Faire face aux “dangers de l’autoritarisme”
Quelques gestes individuels ont émergé ici ou là, quelques appels au boycottage de X pour protester contre l’omniprésence d’Elon Musk, mais la portée de ces initiatives reste à mesurer. “Les circonstances et les tactiques seront nécessairement différentes de celles de la résistance anti-Trump de 2017, et il y a peu de marge d’erreur”, commente Robert Kuttner dans le magazine de gauche American Prospect. À l’époque, la mobilisation populaire avait lancé un mouvement qui a permis aux démocrates de remporter la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat en 2018. “Cette fois, cela va être plus dur”, écrit l’éditorialiste.
Comme il y a huit ans, les républicains contrôlent tous les leviers du pouvoir, de la présidence aux deux chambres. S’il doit y avoir opposition politique aux projets de l’administration Trump, elle ne pourra venir que des États. Depuis 2010, les républicains sont en position dominante : ils ont le contrôle complet (gouverneur, assemblée, sénat) dans 23 États, contre 15 pour les démocrates. Sur 50 gouverneurs, 27 sont républicains et 23 démocrates.
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