Avec la Coupe Davis 2024 à Malaga, Rafael Nadal fait ses adieux au tennis : «Mon heure est venue et je l’accepte comme telle»

Avec la Coupe Davis 2024 à Malaga, Rafael Nadal fait ses adieux au tennis : «Mon heure est venue et je l’accepte comme telle»

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Joueur hors-norme et roi incontesté de la terre battue, «Rafa» tirera sa révérence à l’issue de la Coupe Davis, dont les phases finales se jouent cette semaine à Malaga. Mardi 19 novembre, les médias espagnols l’ont annoncé partant pour le premier simple de son équipe, face aux Pays-Bas.

Dans l’imposant salon «Picasso 2» de l’hôtel Higueron, à une vingtaine de kilomètres au sud de Malaga, la délégation espagnole s’est pointée lundi, grands sourires aux lèvres. Ils étaient six, à la veille du début des quarts de finale de la Coupe Davis, à faire face à un parterre de caméras et d’appareils photos. Mais aux yeux des journalistes, c’est comme s’il n’y en avait qu’un : seul Rafael Nadal comptait. Même Carlos Alcaraz, quatre Grand Chelem à son à actif à 21 ans seulement, était cantonné à un rôle de spectateur, écoutant son aîné répondre à toutes les questions et évoquer avec nostalgie ce qui lui manquera dans quelques jours : la compétition, l’adrénaline au moment d’entrer sur le court, les fans, la pression.

Alors que l’Espagne affronte ce mardi 19 novembre à partir de 17 heures à Malaga les Pays-Bas, le flou a longtemps été entretenu. Les quelque 500 journalistes qui se sont accrédités pour l’événement – du jamais vu depuis dix ans – s’étaient pointés lundi en Andalousie avec un paquet de questions et étaient ressortis de l’hôtel Higueron avec bien peu de réponses. David Ferrer, le capitaine espagnol, refusait de dire s’il alignerait ou non Rafael Nadal, que ce soit en simple ou en double, même si personne ne l’imaginait vraiment faire office de cheerleader de luxe. L’homme aux 22 titres du Grand Chelem devrait finalement être aligné d’entrée en simple face à Botic van de Zandschulp (80e mondial), selon le quotidien sportif espagnol Marca.

Pour les suiveurs, il est aussi difficile de savoir quel Rafael Nadal ils verront sur le court. Le temps est loin où l’ogre de Manacor avalait tout sur son passage. L’Espagnol n’a plus joué en match officiel depuis le 29 juillet et une rouste (6-1 ; 6-4) distribuée par Novak Djokovic aux Jeux olympiques, sur le court Philippe-Chatrier qui l’a vu tant de fois triompher. A l’approche du match, il n’y a finalement qu’une certitude : dimanche soir au plus tard et la finale de la Coupe Davis, «Rafa» quittera le tennis professionnel pour de bon. Il tirera ainsi un trait sur plus de deux décennies de l’une des plus belles carrières que le circuit ait connu.

«Célébrer sa carrière et son héritage»

A Malaga, le jubilé du Majorquin a pris le pas sur la compétition en elle-même. Son visage s’affiche partout dans la ville, des portes de l’aéroport aux stations de métro, et surtout en très grand sur le stade d’athlétisme face au Palacio de Deportes Martín Carpena qui accueille les phases finales de la Coupe Davis. Depuis qu’il a annoncé, mi-octobre, que la compétition serait sa dernière, tout le monde se bat pour occuper l’un des 9 700 sièges de l’arena lors des matchs de l’Espagne. A la revente, des billets sont parfois proposés à des sommes à quatre ou cinq chiffres. En tribunes, on annonce la présence dès mardi du gratin du monde du tennis. A commencer par celle de ses rivaux de toujours, Novak Djokovic et Roger Federer, qui ne rateraient pour rien au monde la dernière de l’Espagnol et ses tics à la pelle – slip-épaules-cheveux-oreilles-nez à chaque service, bouteilles alignées militairement à côté de son banc, entre autres.

Mardi matin sur ses réseaux sociaux, le Suisse s’est fendu d’un long message adressé à «Rafa» dans lequel il évoque leur rivalité, leur amitié et leur admiration mutuelle aussi. Il y parle aussi de ces larmes qu’ils ont partagées lors de la Laver Cup, en 2022, au moment de la retraite, cette fois-ci, de Federer. D’autres couleront probablement ce mardi, ou bien plus tard dans la semaine si l’Espagne passe l’obstacle (loin d’être infranchissable) des Pays-Bas. Le directeur de la Coupe Davis a déjà promis de faire «quelque chose de très spécial pour lui» et de «célébrer sa carrière et son héritage».

Pré-retraite

Si cette semaine marque le point final de la carrière de Rafael Nadal, l’Espagnol est entré depuis longtemps déjà dans une sorte de préretraite. Ces deux dernières années, le gaucher vit à temps (très) partiel sur le circuit, la faute à un corps qui lâche bout par bout, rattrapé par deux décennies passées à un rythme effréné à écumer les courts du monde entier. Depuis sa victoire miracle à Roland-Garros en 2022, sa quatorzième, glanée grâce à un pied shooté aux infiltrations, puis un abandon un mois plus tard en demi-finale de Wimbledon, Rafael Nadal n’a rien fait ou presque.

Entre 2023 et 2024, il n’a pris part qu’à huit petits tournois (et deux exhibitions grassement rémunérées en Arabie saoudite et aux Etats-Unis), pour un total de 23 rencontres officielles seulement. En comparaison, sur la même période, Novak Djokovic, pourtant pas le plus frais physiquement, en a disputé plus de 110, Carlos Alcaraz 140 et Jannik Sinner 160. Malgré l’évidence – un corps qui ne suit plus et un niveau en déclin – Rafael Nadal s’était refusé ces derniers mois à dire stop. Porte d’Auteuil fin mai, après une défaite au premier tour face à Alexander Zverev, il avait refusé qu’on lui rende hommage, assurant «ne pas être sûr à 100 %» que son 19e Roland-Garros était son dernier. Le public ne s’était, lui, pas fait d’illusion, débarquant à chaque entraînement de l’Espagnol la semaine avant ses matchs comme on rend visite une dernière fois à un proche en fin de vie.

«J’ai voulu me donner une chance, a expliqué lundi après-midi Rafael Nadal, serein, face aux journalistes. Je sais que j’ai fait tout ce que je pouvais et que mon heure est venue, et je l’accepte comme telle, sans drame. Je vais quitter le circuit professionnel avec le calme et la satisfaction personnelle d’avoir donné le meilleur de moi-même à chaque instant.»

Libération