En Haïti, des gangs toujours plus puissants et des dirigeants «complètement cons» selon Macron

En Haïti, des gangs toujours plus puissants et des dirigeants «complètement cons» selon Macron

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Violences urbaines

Les groupes criminels gagnent du terrain à Port-au-Prince, MSF suspend ses activités en raison des violences de la police et le président français déplore, dans un langage fleuri, le remplacement du Premier ministre de transition.

Malgré la présence de centaines de policiers kényans venus prêter main-forte à leurs homologues haïtiens, la violence ne décroît pas dans le petit pays des Caraïbes. Dans la semaine du 11 novembre, au moins 150 personnes sont mortes dans la capitale, Port-au-Prince, a indiqué mercredi le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk. «Quelque 20 000 habitants ont dû fuir leur domicile» pendant la même période, a-t-il ajouté.

Le total des personnes déplacées dépasse 700 000, sur une population de près de 12 millions. La moitié de ces déplacés sont des enfants, en grave danger de malnutrition. Toujours selon les Nations unies, le bilan depuis janvier s’établit à 4 544 morts et 2 060 blessés, mais en raison du manque d’informations fiables, il est «probablement plus élevé».

En juillet 2021, l’assassinat du président Jovenel Moïse a aggravé une situation d’instabilité qu’ont mise à profit des groupes criminels pour semer le chaos. Depuis plus d’un an, ces gangs contrôlent plus de 80 % de la capitale, ainsi que ses principales voies d’accès. Meurtres, viols, pillages et enlèvements contre rançon sont devenus le quotidien de nombreux Haïtiens.

«Les forces de l’ordre, une menace directe»

L’ONG Médecins sans frontières (MSF) a annoncé mercredi qu’elle suspendait ses activités dans la capitale, où elle gère cinq structures de santé, en raison de menaces non pas des gangs mais de la police. Le 11 novembre, a dénoncé MSF, une de ses ambulances a été arrêtée près d’un hôpital par «des membres d’une brigade d’autodéfense et des agents des forces de l’ordre». Deux blessés qui se trouvaient à l’intérieur ont été tués. La semaine qui a suivi, «des policiers ont arrêté à plusieurs reprises des véhicules MSF et menacé directement le personnel de mort et de viol», poursuit l’ONG dans un communiqué.

«En Haïti et ailleurs, nous avons l’habitude de travailler dans des conditions d’insécurité extrêmes, mais lorsque même les forces de l’ordre deviennent une menace directe, nous n’avons d’autre choix que de suspendre nos projets», explique Christophe Garnier, chef de mission de MSF en Haïti.

La réalité que dénonce MSF est celle des lynchages qui se multiplient contre de supposés membres de gangs. La dernière tuerie a eu lieu dans la nuit de lundi à mardi. Selon la version des forces de l’ordre, deux véhicules transportant des hommes armés ont été interceptés et mitraillés par la police. Dix occupants seraient morts. La population aurait ensuite massacré les survivants qui tentaient de fuir et brûlé leurs corps, ce qui rend presque impossible leur identification comme membres ou non de gangs. Le bilan total est de 28 tués.

Sous l’autorité du chef de guerre Barbecue

Devant l’imminence de l’arrivée d’une force internationale, les différents gangs ont décidé en février 2024 de s’unir dans un mouvement baptisé en créole «Viv Ansanm» (Vivre ensemble), placé sous l’autorité du chef de guerre Barbecue et dont la première revendication était le départ du Premier ministre, Ariel Henry. Une fois celui-ci acculé à la démission au mois de mars, un Conseil présidentiel de transition avait désigné en juin comme nouveau Premier ministre, Garry Conille. Limogé le 10 novembre par le Conseil, Conille a été remplacé dès le lendemain par l’homme d’affaires Alix Didier Fils-Aimé, qui a promis de «rétablir la sécurité» dans le pays lors de sa prestation de serment.

Refus de la Russie et la Chine à une intervention de l’ONU

La mission du Conseil de transition est de créer les conditions d’un retour de l’Etat de droit, Haïti n’ayant plus de président depuis 2021. Mais seul un désarmement des gangs peut permettre la convocation d’élections, qui seraient les premières depuis 2016. Et les gangs semblent plus puissants que jamais. La semaine dernière, ils ont pris le contrôle de Solino, un des derniers quartiers de Port-au-Prince qui leur échappait, provoquant des mouvements de panique et la fuite de milliers d’habitants.

Déployée depuis juillet avec quelque 400 hommes, la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), menée par le Kenya, se révèle impuissante à mettre au pas des groupes plus nombreux et mieux armés. Une montée en puissance en hommes et en moyens est nécessaire, plaide Haïti, pour qui l’envoi de Casques bleus n’est plus un tabou. «Soit la communauté internationale apporte un appui conséquent, soit elle laisse le pays sombrer davantage, avec des conséquences qui s’étendront bien au-delà de nos frontières», a mis en garde mercredi l’ambassadeur haïtien auprès des Nations unies, Antonio Rodrigue.

Plusieurs membres du Conseil de sécurité, dont les Etats-Unis, semblent favorables à une transformation de l’aide kényane en mission de l’ONU, mais la Russie et la Chine, qui disposent d’un droit de veto, y sont opposées. Le rôle des Casques bleus «n’est pas de combattre le crime en zones urbaines ou de sauver un Etat dysfonctionnel plongé dans un conflit national», a affirmé l’ambassadeur russe adjoint, Dmitry Polyanskiy.

En marge du G20 au Brésil, le président Macron a regretté le remplacement du Premier ministre, sans précaution de langage. Une vidéo amateur diffusée mercredi sur les réseaux sociaux montre le chef de l’Etat français interpellé au Cais de Valongo, un site mémoriel du port de Rio de Janeiro consacré à la traite des esclaves. Interpellé en français par un passant sur la scandaleuse «dette coloniale» qu’Haïti a dû payer à son ancien colonisateur pendant cent cinquante ans comme prix de son indépendance, Macron fournit une réponse sans rapport avec la question : «Franchement, c’est les Haïtiens qui ont tué Haïti […] Le Premier ministre était super, je l’ai défendu, ils l’ont viré ! […] Ils sont complètement cons, ils n’auraient jamais dû le sortir, le Premier ministre était formidable !»

Libération

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