Les discussions autour du projet de loi de finances 2025 promettent des débats houleux à l’Assemblée nationale, le Premier ministre, Michel Barnier, souhaitant d’un côté faire des économies et de l’autre augmenter des impôts existants. Ailleurs dans le monde, des solutions inexploitées en France rapportent pourtant des milliards en recettes fiscales. 20 Minutes vous livre les secteurs dans lesquels il y a de l’argent à faire.
L’argent de la drogue
La France compte cinq millions de fumeurs réguliers ou occasionnels de cannabis, fait vivre directement ou non 240.000 personnes, rapporte aux trafiquants une part significative d’un chiffre d’affaires global compris entre trois et six milliards d’euros par an et a coûté, en 2019, 570 millions d’euros d’argent public.
Depuis la légalisation de l’usage et de la vente du cannabis récréatif au Canada, en 2018, les recettes fiscales dépassent les 15 milliards de dollars entre 2018 et 2022. Sans compter « un surplus de 43,5 milliards de dollars pour le PIB » du pays entre 2018 et 2021 et les quelque 151.000 emplois créés.
Au Colorado, premier Etat américain à avoir légalisé le cannabis récréatif en 2014, le chiffre d’affaires du secteur représente 1,2 milliard de dollars annuel, dont près de 300 millions de recettes fiscales pour l’Etat, selon le Conseil d’analyse économique.
L’argent des jeux
Les jeux de hasard et d’argent rapportent déjà pas mal de sous à l’Etat français, en grande partie grâce à la Française des jeux (FDJ), laquelle a versé en taxes et dividendes plus de 3 milliards d’euros dans les caisses du Trésor public en 2021. Mais on peut mieux faire, en captant par exemple la manne pharaonique, comprise entre 750 millions et 1,5 milliard d’euros, que représente l’offre illégale de jeux en ligne, selon un rapport de l’Autorité nationale des jeux de Paris (ANP) datant de décembre 2023.
En Belgique, l’ouverture du marché des casinos en ligne a permis au royaume de générer des taxes sur près de 300 millions d’euros de chiffre d’affaires rien qu’en 2020. L’Espagne, avec la libéralisation du marché du casino, a engrangé 407 millions d’euros de revenus brut des jeux en 2021 pour cette seule branche. Et ce dernier pays a aussi instauré un impôt sur les gains des jeux supérieurs à 300 euros.
L’argent de la prostitution
S’il est illégal en France d’avoir recours aux services d’une prostituée, la prostitution en elle-même n’est pas interdite, à tel point que les revenus tirés de cette activité sont imposables en tant que bénéfices non commerciaux (BNC). Pour autant, cette activité s’effectue très largement sous les radars, généralement sous la forme d’une exploitation des quelque 37.000 prostituées qui génère 3,2 milliards de chiffre d’affaires, selon une étude du Nid.
En 2010, aux Pays-Bas, pour endiguer les dérives liées au proxénétisme, le gouvernement en a fait une profession réglementée, soumise à l’obtention d’un permis de travail prouvant leur « autonomie ». L’idée était aussi de ramener dans les caisses de l’Etat une partie de l’argent généré par la prostitution, en instaurant une taxe de 19 % sur le prix d’une passe et un impôt sur le revenu de 33 % à 52 % selon les montants annuels déclarés. L’effet social n’a en revanche pas été celui attendu puisque, selon la fondation Scelles, 60 à 80 % des prostituées sont des migrantes agissant sur un marché clandestin dont une large partie est encore aux mains du crime organisé.
D’autres pistes douteuses
Dans la série « mesures pas très éthiques », le bureau du directeur parlementaire du budget du Canada estimait, dans un rapport datant de 2020, que l’élargissement de l’aide médicale à mourir « aux personnes dont la mort n’est pas raisonnablement prévue à court terme », concernerait 1.164 personnes et permettrait d’économiser près de 150 millions de dollars de frais de santé.
Dans un article, 20 Minutes évoque, ce jour, par ailleurs, une taxe en vigueur en Allemagne visant à faire cracher la monnaie aux propriétaires de chiens. Une initiative qui, si elle peut rapporter gros, n’est pas perçue comme très équitable socialement et serait particulièrement impopulaire.
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