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L’ancien ministre des Transports milite pour plus de transports publics et un soutien sans faille à la filière industrielle de la voiture électrique.
L’ancien ministre des Transports du gouvernement d’Elisabeth Borne, Clément Beaune, également ancien député de Paris (un siège qu’il a perdu lors des dernières législatives) participait à la table ronde «Décarbonation, plus verte l’industrie ?» à l’occasion du Climat Libé Tour à Dunkerque.
La décarbonation des transports, pour laquelle vous avez œuvré quand vous étiez ministre, vous paraît-elle atteignable ?
Il faut le rappeler, il n’y aura pas de décarbonation sans décarbonation des transports, qui représente 30 % des émissions de gaz à effet de serre en France. Pour y arriver, tous les leviers sont à activer. D’abord le report modal, avec plus de transports publics verts qui permettront d’éviter l’emploi du camion et de la voiture thermique, plus polluants. Je pense d’abord au train, mais cela va jusqu’au fluvial, avec dans les Hauts-de-France, le canal Seine Nord Europe, qui est un gros projet de décarbonation des transports.
La décarbonation, c’est une ambition, mais aussi une réalité, avec des collectivités locales qui ont déjà engagé cette politique. On a ici à Dunkerque, avec le président de la communauté urbaine Patrice Vergriete, qui m’a succédé au ministère des Transports, un mode de déplacement en bus gratuit dans une ville populaire, très bien adapté pour ne plus prendre des voitures diesel souvent âgées. Mais il n’y aura pas de décarbonation complète si on ne décarbone pas l’existant.
Comment voyez-vous justement la place de la voiture électrique dans cette décarbonation des transports ?
On n’a pas le luxe d’une seule politique de décarbonation. Il faut aussi décarboner la voiture, même si c’est compliqué. La voiture, c’est beaucoup de choses à la fois, c’est la vie quotidienne, mais aussi un imaginaire de liberté. C’est une contrainte, pour ceux qui n’ont pas d’autres choix pour se déplacer, même si elle coûte de plus en plus chère.
On voit cependant que le passage du thermique à l’électrique est difficile pour l’industrie automobile. Les gigafactories de batteries électriques ont du mal à décoller, comme l’usine ACC à Douvrin, un consortium rassemblant Stellantis, Mercedes-Benz et Total Energies…
La voiture électrique est un enjeu majeur, et on a besoin d’une filière industrielle qui en produit. Sinon, la voiture électrique haut de gamme sera américaine, et bas de gamme, chinoise. Si nous ne voulons pas être dépendants d’autres pays, d’ailleurs peu regardants sur le plan de l’environnement, il faut produire plus vert et chez nous. C’est possible, on le voit bien dans le Dunkerquois, avec des investissements industriels importants et des soutiens publics. Il va être le plus grand territoire industriel français de batteries électriques. Il y a une mobilisation collective de l’Etat, de la Région, de la communauté urbaine : même quand il y a des sensibilités politiques différentes, on y arrive. La clé, c’est que tout le monde y croit en même temps.
Que pensez-vous de l’assouplissement de la ZAN (Zéro artificialisation nette), promise par le Premier ministre, Michel Barnier ?
Qu’il y ait des assouplissements au niveau des territoires pour les grands projets nationaux, cela me paraît normal. Quand on a un projet industriel dans la transition écologique, il faut des investissements et des terrains, et il faut l’assumer. En tant que ministre, j’ai obtenu que les grands ports nationaux ne soient pas comptés dans la ZAN. Prenez le port de Dunkerque, il a la plus forte croissance de France parce qu’il a des réserves foncières où s’installent les industriels.
Quel regard portez-vous sur le moment politique que traverse la France, avec la menace d’une motion de censure du gouvernement ?
J’ai l’avantage d’être hors du jeu, pour l’instant en tout cas. Mais, nous avons besoin de stabilité, au moins pour plusieurs mois. Cette stabilité devrait être la priorité pour tous.
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