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Chronique «Ré/Jouissances»
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Tentative d’élucidation d’un paradoxe urbain : pourquoi les sneakers immaculées sont-elles toujours en vogue quand l’ambiance est aussi sombre et la gadoue aussi présente ?
Ces temps-ci, je baisse le nez pour regarder où je mets les pieds. Ce qui me permet de remarquer que nombreux sont ceux qui continuent à porter des baskets blanches malgré l’automne des humanités qui nous fait frissonner. Comme moi, pourtant, ils glissent sur les feuilles mortes des espoirs de paix, avant de ralentir le pas à cause du verglas des détestations identitaires et de patauger dans les flaques des appartenances rances. Il faut dire que plus personne ne sait trop comment avancer sans mordre les lignes jaunes qui se sont mises à faire de curieux zigzags ou de terribles sinusoïdes.
Avant, la démarcation traçait droit entre des concepts bien définis et des idéologies aux parechocs rutilants. Voilà que les convictions prennent la chaussée à contresens. Et que les opinions s’encastrent avec violence dans la carrosserie ennemie comme si le carambolage était devenu le désir ultime et que chacun n’espérait plus que crashs et clashs. Il y avait la droite, il y avait la gauche. Il y avait les belliqueux et les pacifistes. Il y avait les conservateurs et les progressistes. Et voici que ça shoote dans les étoiles et que des flèches empoisonnées traversent les camps d’antan, se fichant entre les omoplates des meilleurs amis devenus rivaux irréconciliables.
Ce qui fait que pour traverser en sécurité les rues des idées encombrées par les trottinettes des polémiques, j’avance à tâtons sur mes petits petons argumentatifs, empli de nostalgie pour mes gros sabots affirmatifs d’antan. Je
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