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Critique
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Se jouant de la contrainte d’un voyage inachevé en Asie, le nouveau film de Miguel Gomes fantasme l’odyssée de deux colons anglais en tissant les époques, et fuse d’idées poétiques.
Prix de la mise en scène à Cannes, Grand Tour est peut-être le film du voyage en crise. Voyage inachevé, interrompu par le Covid, au moment où Miguel Gomes déployait son tournage itinérant à travers l’Asie, de la Birmanie au Japon sur le chemin de Shanghai – puis poursuivi à distance deux ans plus tard, avec une équipe chinoise collectant pour lui les images manquantes. Voyage court-circuité d’avance par la somme les imaginaires et les attentes que tout visiteur européen se trimballe avec lui, aussi averti soit-il, lorsqu’il circule dans un Orient façonné par ses fantasmes. Après l’Afrique sous domination portugaise de Tabou (2012), Grand Tour nous raconte presque qu’on n’explore pas l’Asie sans être le colon de quelqu’un. Et précisément, prend pour protagonistes deux Anglais en 1918. Pour échapper à un mariage qu’il redoute, Edward, fonctionnaire de l’Empire britannique posté à Rangoun, se lance dans une fuite en avant jusqu’au bout du monde. Molly est la fiancée entraînée à ses trousses, le talonnant de près pour constater, à chacune de ses escales, qu’elle l’a raté de justesse.
Figuration exotique
On se sentirait tarte à dire qu’il ne reste de «vrai» voyage que celui du cinéma – s’accomplissant dans l’impureté, donc, le faux et l’usage de faux. Mais c’est tout le pari expérimental de Gomes, empêcheur de tourner en rond du cinéma portugais (
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