«The Financial Times» a révélé, dimanche 24 novembre, que la Russie comptait dans ses rangs des Houthis du Yémen, avec qui ils partagent un même adversaire, les Etats-Unis, pour continuer la guerre contre l’Ukraine, commencée en février 2022.
C’est un nouvel adversaire officiel pour Kyiv. Des Houthis du Yémen se battent en Ukraine aux côtés de la Russie via une société impliquée dans du trafic d’armes, affirme l’ONG d’investigation suisse, Inpact («Investigations with impact»), confirmant l’enquête du Financial Times parue ce week-end. Selon Lou Osborn, membre de l’ONG, les contrats entre ces mercenaires, souvent désargentés, et l’armée russe passent par une société, basée au sultanat d’Oman, qui serait liée au parlementaire yéménite, Abdul-Wali Abdo Hassan Al-Jabri, rangé du côté des Houthis. «Il est impliqué dans le commerce d’armes entre la Russie et les Houthis», a-t-elle assuré ce mercredi 27 novembre.
Washington accuse depuis des mois Moscou de vouloir fournir des armes aux Houthis yéménites, rebelles alliés de l’Iran qui perturbent le commerce international depuis un an en attaquant des navires en mer Rouge. Moscou et Téhéran, unis notamment par leur inimitié vis-à-vis de Washington, se sont de facto considérablement rapprochés. Contactés par l’AFP mardi, les Houthis n’ont pas répondu. Sous couvert de l’anonymat, un diplomate ukrainien a estimé que même si les Russes n’ont «pas de limite», ils ne disposent «pas de preuve».
En décembre 2023, le Premier ministre du Népal, Pushpa Kamal, avait confirmé le départ de quelques-uns de ses ressortissants – plus de 1 000 a-t-on appris en mars – dans les rangs de l’armée russe. Quelques mois après, en février 2024, le quotidien indien The Hindu informait à son tour qu’une centaine de soldats indiens auraient été enrôlés par la Russie dans son centre de recrutement à Moscou au cours de l’année écoulée. Enfin, le 12 novembre dernier, les Etats-Unis confirmait la rumeur, qui planait depuis plusieurs semaines, selon laquelle plus de 10 000 recrues nord-coréennes étaient bien «engagées dans des opérations de combat» aux côtés de Moscou dans la région russe de Koursk.
Deux conflits parallèles qui rentrent en résonance
Sur la mer rouge, les rebelles du Yémen ciblent depuis des mois les navires commerciaux qu’ils jugent liés à Israël, aux États-Unis ou au Royaume-Uni. Ils disent agir en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, dans le contexte de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.
En janvier, une délégation officielle de Houthis s’était rendue à Moscou pour discuter de la «nécessité d’intensifier les efforts pour faire pression» sur les États-Unis et Israël afin de mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza, selon un porte-parole des rebelles. Ce dernier, Mohammed Abdelsalam, avait précisé sur X (ex-Twitter) que sa délégation avait été reçue par le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov.
En septembre, les États-Unis avaient accusé Moscou de discuter de transferts d’armes avec ceux qui contrôlent aujourd’hui une vaste partie du territoire yéménite, au terme d’une guerre civile qui dure depuis plus de 10 ans. Selon Lou Osborn, «certains combattants sont recrutés à Amman en Jordanie alors qu’ils travaillent dans des restaurants» et sont dépourvus de réelle expérience militaire.
«On leur promet 10 000 dollars au départ puis 2 500 dollars par mois. Mais quand ils arrivent, ils sont accueillis par l’armée russe et sont payés 260 dollars par mois», affirme-t-elle, évoquant quelques centaines de personnes. Les combattants transitent par le sultanat d’Oman avant d’être envoyés en Russie. A la date du mardi 26 novembre, Inpact ne disposait pas d’informations supplémentaires sur leur éventuelle formation avant d’être envoyés au front et sur la gestion de la traduction linguistique.
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