le chauffard condamné à sept ans de prison – Libération

Le drame avait contribué au débat sur la création du délit «d’homicide routier». Franky D., accusé d’avoir tué, ivre au volant d’une voiture surpuissante, Antoine Alléno, le fils du chef cuisinier Yannick Alléno, a été condamné ce jeudi 28 novembre à sept années de prison assorties d’un mandat de dépôt différé. Cette peine est avec exécution provisoire : même en cas d’appel, Franky D. ira en prison.

Lors de l’audience fin octobre, le parquet avait requis huit ans d’emprisonnement assortis d’un mandat de dépôt ainsi qu’une interdiction de conduire pendant dix ans. L’homme de 27 ans, qui comparaissait libre sous contrôle judiciaire, était notamment jugé devant le tribunal correctionnel pour homicide involontaire avec au moins deux circonstances aggravantes, blessures involontaires et vol avec violence. Il a été reconnu coupable de tous les faits qui lui étaient reprochés.

Les faits remontent au 8 mai 2022. Ce soir-là, l’homme qui fait partie de la communauté des gens du voyage, roule, ivre, sans permis à bord d’une Audi RS6, une puissante berline, à 120 km/h dans les rues du VIIe arrondissement de Paris, limitées à 30. Avec cette voiture, volée un peu plus tôt dans la soirée, il heurte un VTC, puis un taxi à un feu rouge. Il perd ensuite le contrôle du véhicule et percute un scooter.

Le conducteur du deux-roues, Antoine Alléno, 24 ans, et sa passagère, Anisa, sont éjectés. Le jeune homme succombe à ses blessures, son casque est retrouvé à quelques mètres. La passagère est blessée. Elle parlera lors de l’audience fin octobre de l’«une des soirées les plus heureuses de (s) à vie» qui s’est transformée «en cauchemar». Prenant la fuite à pied, Franky D. est arrêté rapidement. A 01 h 35, il est contrôlé avec 1,56 g /l d’alcool dans le sang.

Un casier judiciaire chargé

«Je reconnais tous les faits» sauf les violences, avait-il assuré à l’audience, accusé par un voiturier de lui avoir asséné des coups de poing au moment de voler la voiture. «J’ai commis l’irréparable», regrettait le chauffard à la barre, assurant que sans l’alcool, «cela ne se serait jamais» produit. Avec déjà six condamnations à son casier judiciaire au moment du drame, il encourait jusqu’à dix ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amendes.

Le jeune homme était jugé aux côtés de deux autres prévenus, René A., 47 ans, et Sniper G., 20 ans, poursuivis pour vol en réunion. A leur encontre, le parquet avait respectivement requis six mois d’emprisonnement et neuf mois avec sursis. Ils ont finalement été relaxés.

Depuis ce drame, le père de la victime, Yannick Alléno, est devenu un ardent défenseur de la création d’un délit d’«homicide routier», proposition de loi qui devait passer en deuxième lecture à l’Assemblée nationale, avant la dissolution en juin.

La famille a créé l’association Antoine Alléno pour venir en aide à ceux qui ont perdu un proche victime de violence routière. «J’essaye de me mettre au service des autres pour donner un sens à ma vie», avait témoigné sa mère, Isabelle, lors de l’audience.