Le texte “Rue Labat, rue Ordener, suivi d’Autobiogravures” de Sarah Kofman est un récit poignant des souvenirs d’une enfant cachée à Paris pendant l’Occupation. Le texte, publié pour la première fois en 1994, a été réédité en 2023 par les éditions Verdier.
Une enfance cachée
Sarah Kofman raconte avec une grande sobriété le quotidien d’une famille juive pauvre du 18ème arrondissement de Paris. Le père, rabbin, est arrêté par la police le 15 juillet 1942 et déporté à Auschwitz. La mère, qui ne parle que le yiddish et le polonais, doit cacher ses enfants pour les protéger.
Sarah, alors âgée de 8 ans, refuse de se séparer de sa mère. Elle résiste à tous les asiles et dépérit. Finalement, sa mère décide de la garder avec elle et de trouver un abri sûr. Elles sont accueillies par une “dame de la rue Labat” qui les héberge jusqu’à la fin de la guerre.
Sarah vit alors entre deux “mères” : celle qui lui a donné la vie et celle qui l’a sauvée. Un conflit de loyauté s’installe entre les deux femmes, ainsi qu’un clivage entre deux langues et deux cultures, figuré par les deux lieux où elle a vécu : la rue Ordener, celle de la vie ordinaire, et la rue Labat, promesse d’un ailleurs.
“A son insu ou non mémé avait réussi ce tour de force : en présence de ma mère, me détacher d’elle. Et aussi du judaïsme.” Sarah voudrait que cette seconde mère fût sa vraie mère, car cette substitution la protège et la console de la disparition de son père.
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