Les maths, matrice des inégalités salariales entre hommes et femmes

Les maths, matrice des inégalités salariales entre hommes et femmes

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Alors que les inégalités en matière d’éducation ont presque disparu, les disparités dans les choix d’orientation sont vivaces, au détriment des matières scientifiques.

C’est au milieu du CP que ça commence à dérailler. Alors qu’en maternelle et à l’entrée au CP, les filles sont aussi bonnes voire légèrement meilleures en mathématiques que les garçons, elles décrochent ensuite durablement, quelles que soient leur catégorie sociale ou la configuration familiale. C’est particulièrement le cas des plus performantes en entrant à l’école primaire. Cela se confirme ensuite tout au long de leur parcours scolaire. Arrivées au lycée, elles délaissent les filières scientifiques du bac, et la réforme Blanquer n’a rien arrangé. Elles sont ensuite sous-représentées en prépa et dans les écoles d’ingénieurs (40% et 30% des effectifs), puis dans les carrières scientifiques. La plus grande réussite des filles, la féminisation de l’enseignement général et supérieur – les femmes représentent 60% des diplômés du supérieur –, n’a pas gommé ces différences genrées dans l’orientation.

Ces constats, dressés par plusieurs études fondées notamment sur les évaluations nationales et internationales, sont repris dans une note publiée ce jeudi 28 novembre par le Conseil d’analyse économique et intitulée : «Egalité hommes-femmes, une question d’équité et un impératif économique» qui y voit «la première brique des inégalités de genre en matière salariale», notamment parce que les rémunérations sont plus élevées dans les filières de sciences et techniques que dans les filières littéraires.

Biais de genre dans l’enseignement

«Il est préoccupant que les inégalités de genre en sciences apparaissent au moment de l’entrée à l’école primaire et soient plus prononcées en France que chez certains de ses voisins», remarquent les économistes. En s’appuyant sur des études israéliennes et italiennes menées sur le sujet, ils insistent sur les biais de genre dans l’enseignement des maths : «Le comportement des enseignants aux premiers stades de la scolarité a un impact significatif et durable sur les performances des filles et des garçons à court terme, et sur leurs aspirations à long terme.» Ils appellent à «une prise de conscience des stéréotypes de genre dans l’enseignement des mathématiques et de la mise en place de stratégies éducatives visant à les déconstruire, afin de permettre à chaque enfant de développer son plein potentiel, indépendamment de son genre». Des expériences menées à l’étranger ont montré que ce n’était pas une fatalité, souligne Camille Landais, le président du CAE : «Quand vous rendez lisibles ces stéréotypes aux enseignants, ils peuvent améliorer cet aspect. De même, l’exposition à des modèles féminins peut jouer un rôle positif.» Les débats de ces derniers jours sur les projets de programmes sur l’éducation à la sexualité, visant notamment à s’attaquer à ces stéréotypes à l’école, laissent penser que le chemin est encore long.

Libération

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