Sexualités et santé : à Montpellier, avec Aides, le Spot au top

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AIDES : 40 ans de mémoires de lutte contre le VIH/sidadossier

Ecouter, accompagner, dépister et co-construire un parcours de santé sexuelle dans une démarche communautaire : porté par l’association Aides, un centre d’accueil qui prend soin des corps et réchauffe les cœurs.

Espace chaleureux, sourires amicaux, ambiance cool : à peine franchi le seuil du Spot, situé près du centre de Montpellier, on se sent bienvenu. C’est l’idée : dans ce centre de santé sexuelle d’approche communautaire (CSSAC), l’accueil se veut à la fois bienveillant et inconditionnel. «Ici, on souhaite ramener vers le soin des gens touchés à des degrés divers par des violences, la précarité ou la stigmatisation. On permet à leur parole de s’exprimer dans un cadre non jugeant, on les accompagne vers leur autonomie», résume Kasey, 30 ans, accompagnateur communautaire au sein de ce Spot héraultais, l’un des quatre créés en France.

Ouverte en juillet 2021, cette structure portée par Aides et financée par la caisse nationale de l’assurance maladie (Cnam) a reçu près de 1 600 personnes en 2023, dont 79 vivant avec le VIH. Les vingt heures d’accueil hebdomadaire initialement prévues ont vite été revues à la hausse : les portes du Spot restent désormais ouvertes quarante heures par semaine. «Notre structure s’adresse aux populations les plus vulnérables face au VIH, notamment aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, aux travailleuses et travailleurs du sexe, ainsi qu’aux personnes trans, queer ou non binaires, explique Vincent Péchenot, coordinateur du Spot. Nous leur proposons une offre globale en santé sexuelle, en partant de leur demande initiale. Puis, avec chaque personne accueillie, nous creusons ensemble afin d’identifier d’éventuels besoins plus larges… L’objectif, c’est de co-construire leur parcours en santé sexuelle.»

Cette offre de soins s’organise autour d’une équipe d’environ 25 personnes : infirmières et infirmiers, médecins généralistes et spécialistes (psychologues, gynécologues, sexologues, addictologues), assistantes sociales et administratives, ainsi que les accompagnateurs communautaires (salariés militants non soignants). L’accompagnement individuel et /ou collectif s’opère dans la gratuité et la confidentialité, dans le respect de genre et de l’orientation sexuelle de chacune et de chacun, en fonction de ses demandes, désirs et besoins. Bref, du sur-mesure. «Des groupes d’échange, comme celui dédié aux personnes trans, viennent enrichir l’aspect communautaire de notre démarche et facilitent les discussions», souligne Iliès, 36 ans, volontaire Aides depuis deux ans.

La logistique mise en place est à la hauteur des enjeux : dépistages (VIH, hépatites, infections sexuellement transmissibles – IST –), vaccinations (hépatites A et B, papillomavirus, mpox), traitement des IST et prescription de la Prep (ce traitement qui protège efficacement contre le VIH). Du «test and treat» («tester et traiter») grandement facilité par les prélèvements organisés sur place et, surtout, par un imposant appareil que Vincent Péchenot désigne avec fierté : «Cet automate dédié aux examens de biologie médicale nous donne, en 90 minutes maximum, des résultats d’analyse pour le VIH, l’hépatite C, les gonocoques et les chlamydias. En l’espace d’une demi-journée, nous pouvons donc avoir un diagnostic et mettre en place un traitement. Cet appareil nous permet aussi d’initier la Prep dans un laps de temps très court.»

Pour Fred, 54 ans, «le système de dépistage proposé ici est beaucoup plus efficace qu’en laboratoire». Car au Spot, dit-il «la prise en charge est globale, tout est organisé dans une optique des besoins communautaires». Ancien adepte du chemsex (un ensemble de pratiques associant sexe et drogues de synthèse), Fred a trouvé une aide précieuse auprès d’addictologues et de psychologues du Spot. «Je participe aussi ici à un groupe de parole autour du chemsex, un phénomène devenu un vrai problème de santé publique», alerte-t-il. «Le chemsex concerne un quart des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes que nous accueillons ici», relève Vincent Péchenot. Pour eux comme pour les autres usagers, le Spot met à disposition un matériel complet visant à la réduction des risques (seringues pour les produits psychoactifs et les hormones injectables, préservatifs internes et externes, gel, masques…).

«En 2023, le VIH a été dépisté chez quatre personnes reçues au Spot Montpellier. On observe une baisse des nouvelles contaminations», note Vincent Péchenot, qui souligne «l’impact réel» de la Prep et des traitements. Il poursuit : «Ce que nous faisons ici fonctionne. Nous sommes partis de zéro et, aujourd’hui, ça marche vraiment. Mais nous souhaitons nous ouvrir davantage aux migrants primo-arrivants en provenance d’Afrique subsaharienne, car la courbe du VIH ne baisse pas au sein de ce public.» Eux aussi trouveront au Spot un accueil «bienveillant et inconditionnel».

Libération

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