Négociations sur un traité contre la pollution plastique: pas d’accord à Pusan
Une semaine de négociation à Pusan, en Corée du Sud, n’a pas permis de parvenir à un accord pour finir la rédaction du premier traité mondial contre la pollution plastique, a annoncé, dimanche 1er décembre, l’ambassadeur Luis Vayas Valdivieso qui préside les négociations, en demandant « plus de temps ».
« Nous devons construire sur les progrès qui ont été accomplis [durant la semaine], a déclaré le diplomate. Il y a un accord général pour reprendre la session à une date ultérieure. »
Accusations de blocage
Accusant un petit groupe d’Etats pétroliers de bloquer les négociations, plusieurs pays ont demandé dimanche d’arrêter les pourparlers sans accord et d’en convoquer de nouveaux à une date ultérieure. « Nous sommes inquiets de l’obstruction continue de [certains] pays », a déclaré dimanche la ministre chargée de l’énergie française, Olga Givernet, lors d’une conférence de presse aux côtés des délégués du Panama, du Mexique, des îles Fidji, du Rwanda et de l’Union européenne (UE). « Une petite minorité » de pays « bloquent le processus », a accusé le délégué des Fidji, Sivendra Michael. « Si vous ne nous rejoignez pas pour obtenir un traité ambitieux (…), alors partez ! », a-t-il lancé à l’adresse de cette minorité.
« Si nous n’obtenons pas un traité ambitieux à Pusan, ce sera une trahison mondiale (…). L’histoire ne nous le pardonnera pas. C’est le moment d’agir, ou de partir », a lancé le chef de la délégation du Panama, Juan Carlos Monterrey Gomez.
Nombre colossal de divergences
Mais la frustration s’est accrue tout au long de la semaine au sein de la « Coalition des hautes ambitions », forte d’une soixantaine de pays favorables à un traité fort s’attaquant à l’ensemble du cycle de vie du plastique, c’est-à-dire de la production des polymères à base de produits pétroliers jusqu’à la gestion des déchets plastiques.
Cette coalition s’est opposée à un petit groupe de pays, surtout des producteurs de pétrole menés par la Russie, l’Arabie saoudite et l’Iran, qui estiment que le futur traité doit uniquement concerner la gestion des déchets et le recyclage, une possibilité dont la majorité ne veut pas entendre parler. « Le Rwanda ne peut accepter un traité édenté », a affirmé la déléguée de ce pays, Juliet Kabera.
Plus tôt dans la semaine, une centaine de pays s’étaient joints à une proposition du Panama pour graver dans le marbre le principe d’une réduction de la production de plastique, demandé par les pays les plus exigeants, tout en renvoyant à plus tard la question des objectifs chiffrés. Si rien n’est fait, la pollution plastique pourrait tripler dans le monde d’ici 2060, après également un triplement de la production mondiale à 1,2 milliard de tonnes contre 460 millions de tonnes en 2019, selon un calcul de l’OCDE.
Dimanche, Luis Vayas Valdivieso a publié un nouvel avant-projet de texte (un « non-papier » dans le jargon diplomatique) faisant apparaître encore un nombre colossal de divergences. Certains diplomates ont jugé préférable que la conférence s’achève sans traité.
« Il vaut mieux ne rien avoir ici que d’avoir un traité faible »
« Il vaut mieux ne rien avoir ici que d’avoir un traité faible, a déclaré le délégué du Ghana, Sam Adu-Kumi. Nous nous battrons jusqu’à la fin, et si nous ne parvenons pas à l’accord que nous voulons ici, nous ajournerons et nous reviendrons. »
« On ne va pas se stresser, (…) on arrête, on adapte le papier tel qu’il est et on cherche maintenant à faire une autre session, a préconisé le délégué sénégalais, Cheikh Sylla. A cette séance-là, on pourra arriver à un accord qui sera équilibré. »
« Nous sommes déçus de l’absence de progrès. Mais toutes les options sont sur la table, et le texte devrait être conservé pour continuer les négociations et faire avancer le processus lors d’une future réunion », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) le délégué allemand, Sebastian Unger.
« Conclure un traité en deux ans est très ambitieux, a déclaré la déléguée mexicaine, Camila Zepeda. Peut-être que nous aurons besoin d’une nouvelle édition plus tard. » Mais, selon elle, Pusan « n’est pas un échec, parce que nous avons une coalition d’une grande majorité de pays qui sont prêts à aller de l’avant ».
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