Benefits, tranchant de bataille

Né dans le sillage des récentes crises socio-politiques au Royaume-Uni et propulsé durant les confinements de 2020, le groupe à l’énergie fracassée se produit aux Trans musicales samedi 7 décembre.

De tout ce que le Royaume-Uni aura produit durant ses «annis devastationis», ses années ravagées, mises en pièces par le Brexit, Boris Johnson et le Covid, Benefits est sans doute la pierre la plus dure, la plus tranchante et la plus éclatante. Un groupe d’indie rock sans envergure et sans ambition – «une mauvaise version d’Idles, à visée purement thérapeutique», nous résume le chanteur, Kingsley Hall – transformé par la magie des confinements de 2020 en une ahurissante bombe à fragmentation, libérant de façon aléatoire de longs crachats numériques hurlés par un type à bout de tout et écrasés par un mur de bruit blanc. Des titres brefs, intenses, épuisants balancés sur le net à un rythme dément par Hall et son claviériste-machiniste, Robbie Major.

«J’enregistrais ma voix le dimanche, Robbie ajoutait la musique le lundi, le mardi on faisait une vidéo avec mon téléphone et le mercredi c’était en ligne, explique Hall. L’idée c’était de réagir, vite, de créer quelque chose qui puisse capturer l’humeur du moment. Une chanson ça prend du temps, il faut la peaufiner en studio puis trouver un label, la mettre sur un disque, attendre qu’il sorte… On a voulu accélérer ce processus, sortir des choses brutes, imparfaites, encore brûlantes, comme des seaux de peinture balancés sur une toile.» Moins des chansons que des réactions, virule