Mort de Jacques Roubaud, la poésie dans toutes ses formes – Libération

Le poète et mathématicien, proche de Queneau et Perec, pilier de l’Oulipo, est mort ce jeudi 5 décembre à 92 ans. Il laisse une œuvre gigantesque, marquée par les expérimentations formelles, les déambulations dans Paris et les drames personnels.

«c’est bien ainsi : et fête et désastre / retenue en rien / nuit du noir et rien / temps qui jusqu’au bout s’entasse ne / laisse rien», écrivait-il dans ϵ en 1967. Jacques Roubaud est mort ce jeudi 5 décembre, le jour de son 92e anniversaire, ont confirmé les éditions Gallimard à Libération. Il a fondé une œuvre commencée dès les années 1940, large d’une soixantaine de titres, tout entière gouvernée par des recherches sur les contraintes : il aura autant réinventé les classiques, travaillant par exemple sur le sonnet ou la sextine, qu’imaginé de nouvelles règles. Ecrivain et mathématicien, ou plutôt «compositeur de poésie et retraité en mathématiques» comme il se définissait lui-même, Jacques Roubaud aura incarné mieux que quiconque les ambitions de l’Oulipo, où il est rentré sur cooptation de Raymond Queneau en 1966. L’Oulipo, ce laboratoire expérimental constitué pour proposer de nouvelles pistes «positives» et systématiques du travail poétique, en opposition au surréalisme alors finissant pour lequel ni vers ni rimes ni formes ne devaient plus avoir cours.