Est-il vrai qu’en 2015, Edouard Philippe, Gérald Darmanin et Laurent Wauquiez ont «voté la motion de censure déposée par le FN» ?

Est-il vrai qu’en 2015, Edouard Philippe, Gérald Darmanin et Laurent Wauquiez ont «voté la motion de censure déposée par le FN» ?

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Le député insoumis Christophe Bex affirme que des responsables politiques de la droite et du centre ont soutenu une motion de censure émanant du FN… à une époque où le parti d’extrême droite ne comptait que deux députés.

«En 2015, Edouard Philippe, Gérald Darmanin, Laurent Wauquiez ou encore Valérie Pécresse votaient la motion de censure déposée par le FN. Et bien sûr, le chantage au chaos, ils n’en parlaient pas», écrit Christophe Bex dans une publication mise en ligne mercredi 4 décembre, sur le réseau social X. Une façon pour le député LFI de Haute-Garonne de renvoyer ces élus à leurs supposées contradictions : les responsables de la droite et du centre ne pourraient pas reprocher à la gauche d’avoir uni ses voix à celles du RN pour faire tomber le gouvernement… alors qu’eux-mêmes auraient agi pareillement il y a moins de dix ans.

Captures d’écran à l’appui, l’insoumis fait directement référence à la motion de censure soumise au vote à l’Assemblée nationale le 19 février 2015. Sauf que, contrairement à ce qu’affirme Christophe Bex, ce texte n’a absolument pas été déposé par le Front national (FN), ancêtre du Rassemblement national (RN), mais par un tandem entre la droite et le centre. Plus exactement par l’Union pour un mouvement populaire (UMP), devenue Les Républicains, et l’Union des démocrates et indépendants (UDI) de Jean-Louis Borloo. Ainsi, parmi les 111 signataires de la motion, ne figure aucun élu du FN.

Portée au vote le 19 février, cette motion de censure avait été déposée deux jours plus tôt. L’opposition répliquait ainsi au recours à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, par lequel le gouvernement dirigé par Manuel Valls engageait sa responsabilité sur le projet de loi «pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques», dite «loi Macron» (l’actuel président de la République étant à l’époque ministre de l’Economie). Un mécanisme que Manuel Valls s’était trouvé contraint d’enclencher, ne disposant pas d’une majorité pour adopter le projet de loi.

198 UMP sur les 234 voix

Dans leur texte, l’UMP Christian Jacob et l’UDI Philippe Vigier, premiers signataires et initiateurs de la motion, ne s’en prenaient pas tant au projet de loi qu’à «l’action du gouvernement depuis 2012», depuis l’élection de François Hollande à la présidence de la République, donc. Une action qui, selon eux, n’avait débouché sur «aucune réforme de structure», mais «des revirements incessants au détriment de l’emploi et de la compétitivité, des choix qui annihilent toute chance de reprise alors que la croissance frémit en Europe».

A l’issue du vote, la motion de censure avait recueilli 234 voix pour, pas assez pour menacer le gouvernement (289 votes étaient nécessaires). Parmi les votants, se trouvaient d’abord l’ensemble des 198 députés UMP. Certains ont ensuite quitté le parti pour rejoindre la galaxie macroniste tels que Damien Abad, Bruno Le Maire, Edouard Philippe, Franck Riester, Thierry Solère ou Eric Woerth. Dans les rangs des parlementaires UMP siégeaient également Xavier Bertrand, Valérie Pécresse ou François Fillon.

Pourtant également à l’initiative dans la tentative de censure de l’exécutif, le groupe UDI n’avait pas voté à l’unanimité. Sur ses 30 membres, seuls 23 s’étaient prononcés en faveur de la motion, dont Jean-Christophe Lagarde, Hervé Morin ou Charles de Courson.

La motion de censure avait encore plus divisé à gauche. André Chassaigne, le président du groupe réunissant le Parti communiste français et le Parti de gauche, avait échoué à porter une «motion de censure de gauche», faute d’avoir atteint le seuil d’un dixième des membres de l’Assemblée. «Nous n’avons pas d’autre choix que de voter la motion de l’UMP mais nous ne partageons absolument pas leur texte», défendait Chassaigne. Outre son vote, cette position avait été suivie par six élus de gauche, dont l’écologiste Isabelle Attard ou la communiste Marie-George Buffet.

Même pas de groupe FN

Les six dernières voix provenaient de députés non inscrits : Véronique Besse, du Mouvement pour la France, le parti souverainiste fondé par Philippe de Villiers ; Gilles Bourdouleix, qui venait de démissionner du groupe UDI, en anticipant son exclusion (et a depuis basculé au RN) ; Nicolas Dupont-Aignan, qui présidait déjà Debout la France ; Jean Lassalle, élu dans le cadre d’une alliance avec le MoDem, mais siégeant chez les non-inscrits ; ainsi que Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen, du FN.

De fait, le parti alors présidé par Marine Le Pen ne comptait que deux sièges à l’Assemblée nationale, pas suffisant pour constituer un groupe politique, le seuil minimum étant fixé à quinze députés. Le FN de l’époque aurait difficilement pu être à l’origine d’une motion de censure. Après une légère progression en 2017, où le parti était passé de deux à huit élus, un groupe a été formé en 2022 avec l’élection de 89 députés RN.

Libération

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