A Roubaix, un chantier de démolition sous haute tension

Dans le quartier populaire de l’Alma, les travaux d’un vaste programme de rénovation urbaine, porté par la municipalité et largement contesté, ont commencé. Ses opposants n’entendent pas désarmer, et espèrent encore une renégociation des contours du projet.

Le numéro 165 de la rue de l’Alma est en train de tomber. Des bâtiments de briques éventrés, grignotés par deux engins de chantier, s’élève un épais nuage de poussière. Par petites grappes, des habitants de ce quartier populaire de Roubaix viennent s’agglutiner devant des grilles vertes cadenassées, ouvertes sur le côté pour permettre aux pelleteuses de traverser. Devant le trou béant, là où s’élevait il y a encore peu de temps le pôle famille du centre social, tous restent silencieux, comme sonnés.

«Ça y est, c’est fini…» lâche une passante avant de s’éloigner rapidement sur le trottoir d’en face, la tête baissée. Les voitures ralentissent, conducteurs et passagers se dévissant le cou pour se rendre compte de l’avancée des travaux de démolition, lancés fin novembre. «L’Alma pleure», a tagué quelqu’un à même le mur de béton de 3 mètres de haut dressé depuis un an, qui déborde à présent jusque sur la chaussée. Un peu plus loin, une autre inscription résonne comme une promesse : «L’Alma vivra.»

Des voitures de police bloquent les accès au site. Debout devant un véhicule, un agent municipal garde la main posée sur son