Cet article est tiré de la newsletter hebdomadaire « Darons Daronnes » sur la parentalité, envoyée tous les mercredis à 18 heures. Vous pouvez vous inscrire gratuitement à cette newsletter en suivant ce lien.

Il y a une expression que je n’aime pas du tout, et que l’on entend parfois dans la bouche des couples de parents : « On forme une super équipe. » J’avais commencé à tiquer il y a quelques années, dans les films et séries américaines. « We are a team », se déclaraient les yeux dans les yeux (humides) des amoureux face aux épreuves diverses de la parentalité.
Cela me gêne, parce que j’ai l’impression qu’on a soudain basculé sur La Chaîne L’Equipe, alors que je croyais regarder Les Feux de l’amour. Les frères Lebrun forment une super équipe. Les aventuriers de « Koh-Lanta » forment une super équipe (juste avant de s’entretuer). Kylian Mbappé et ses nouveaux coéquipiers forment une super équipe (enfin, pas encore tout à fait). Mais un couple, non, décidément, pour moi, cela ne s’inscrit pas dans ce registre. Cela ne navigue pas dans un imaginaire de performance et d’efficacité, de tapes sur l’épaule et d’« aller au bout de l’aventure ».
Peut-être que ce que j’écris ici est trop normatif. Chacun trouve bien son bonheur comme il l’entend. Alors disons que, moi, je ne voudrais surtout pas qu’un jour la première phrase qui me vienne à l’esprit lorsqu’on me demande de définir mon couple soit : « Nous formons une super équipe. »
En mode survie
La bonne nouvelle, c’est que telle que vous me lisez, ce n’est pas près d’arriver. Nous sommes début décembre, et mon compagnon et moi vivons avec l’impression désagréable d’être enfermés dans un tambour de lave-linge qui tourne à 1 400 tours/minute depuis un bon mois. L’agenda « Famille » de nos smartphones nous sert de phare dans la nuit interminable des jours les plus courts de l’année, clignotant tantôt à 7 h 55 le matin avec « affaires piscine école », tantôt à 20 h 15 avec « préparer pique-nique maternelle », lorsque le frigo est complètement vide, alors même que nous avions programmé une livraison de courses le lendemain et cuisiné des plats « pour la semaine » qui ont duré deux jours (cinq gros mangeurs).
Dimanche, nous sommes rentrés de balade pour découvrir que le four avait décidé de redémarrer tout seul, carbonisant la quiche lorraine préparée le matin avec la satisfaction du devoir accompli. J’en ai eu les larmes aux yeux – ce qui en dit bien plus sur mon état de fatigue que sur mon amour pour les lardons. Mais comment va-t-on trouver le temps de réfléchir à la meilleure solution pour ce four de mouise (qui n’a que cinq ans), alors qu’on arrive à peine à se parler de nos journées ? Dans quelle to-do list sans fin va-t-on l’inscrire, entre les articles à écrire, à relire, à commander, les réunions, les cadeaux de Noël, les cases du calendrier de l’Le Monde
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