Le capitalisme transforme tout en argent, même nos processus d’oppression, par Paul B. Preciado

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Chronique «Interzone»

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Alors que les universitaires américains Moten et Harney revisitent la théorie de la race critique et le marxisme pour inventer d’autres formes de lutte, Macron s’apprête à inaugurer son nouveau temple, Notre-Dame-de-Trump.

Je voyage à Santander, une petite ville portuaire en faillite du nord de l’Espagne, pour fêter l’anniversaire de ma mère et, comme si cela faisait partie de la fête, pour entendre Fred Moten et Stefano Harney, peut-être deux des critiques culturels américains vivants les plus subtils du moment, expliquer à un groupe de jeunes artistes la mutation de la production de valeur dans le capitalisme contemporain, un processus qui finira inexorablement par détruire l’idée romantique qu’ils s’étaient faite de ce que c’est que d’être un artiste, et, par la même occasion, de la société dans son ensemble.

Nous étions assis en cercle dans une salle d’un ancien bâtiment portuaire désormais converti en «fabrique de la création», comme si l’art pouvait sauver la ville de l’échec du projet industriel que le franquisme a voulu privatiser avant l’heure. Clôtures de barbelés rouillées par le salpêtre, champs vacants, maisons abandonnées. A travers les fenêtres mal colmatées de la pièce, une odeur de marijuana sur tige filtre, révélant l’utilisation des entrepôts désaffectés du quartier. L’économie de la drogue, et non celle de l’art, est le véritable moteur de l’industrie portuaire. La nouvelle fabrique de la création est la fabrique du deal.

Moten et Harney ne se définissent pas comme des enseignants, mais, à la suite de Paulo Freire, comme des «vagabonds de l’évident». «Nous ne sommes pas venus vous dire quoi que ce soit que vous ne sachiez déjà, disent-ils, nous n’allon

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