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Immense acteur et fin gourmet devant l’éternel, Ugo Tognazzi était aussi connu pour les festins légendaires qu’il aimait préparer pour ses amis, et c’est au cours d’une de ces agapes, que Marco Ferreri, effaré par l’abondance des plats, aurait lancé un tonitruant «on est en train de se suicider !» Telle serait la matrice secrète de l’œuvre la plus folle, sulfureuse et désespérée d’une filmographie qui ne manquait déjà pas d’audace. Manger à s’en faire littéralement éclater la panse, c’est le sort que la Grande Bouffe (1973) réserve aux quatre bourgeois infantiles (campés par Tognazzi, Piccoli, Noiret, Mastroianni) réunis dans un hôtel particulier de l’ouest parisien, et qui, sous le regard complice de l’opulente Andréa (Ferréol), décident d’en finir dans une ultime orgie gastronomique.
Overdose culinaire à grandes lampées voraces d’huîtres, pâté de canard, pintade rôtie, cuissot d’agneau, purée, lasagnes, tartes, crêpes, rognons et autres cathédrales bouchères pas toujours ragoûtantes (plus le film avance plus les mets ressemblent aux excréments auxquels la fonction digestive les destine). C’est moins la critique de la société de consommation et d’une bourgeoisie gavée et repue, qui fera tant scandale en cette fin des Trente Glorieuses, que l’attention portée à la transformation de la matière, au corps réduit à ses fonctions organiques (ingérer, expulser, vomir, déféquer…), jusqu’au grotesque (les pets sonores de Piccoli souffrant d’aérophagie), les êtres promis à la pourriture. Génial happening baroque (ici présenté en version restaurée 4K) où le trivial s’abouche à la mélancolie.
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